« En lisant le journal, les gens croient apprendre ce qui se passe dans le monde. En réalité, ils n’apprennent que ce qui se passe dans le journal… » (Philippe Geluck)
Salut, les Internautes ! Ah ! Ah ! Ah ! Vous pensiez peut-être que vous étiez débarrassés de moi, hein ? Et bien vous en êtes pour vos frais, après dix semaines d’absence, le professeur Blequin est de retour ! Je reviens d’une retraite en Sarthe où j’ai vécu sans télévision ni Internet : je vous assure que non seulement on survit très bien à ce genre d’expérience mais en plus, on a le sentiment de vivre beaucoup mieux !
Tiens, la Sarthe, personne n’en parle jamais, de la Sarthe ! C’est bien normal, me direz-vous, puisqu’il ne s’y passe jamais grand’ chose de marquant à part deux ou trois courses de crétins motorisés ou quelques gesticulations de François Fillon et Stéphane Le Foll destinées à rappeler qu’ils existent (rappel dont on se passerait bien, soit dit en passant) ; et pourtant, les lieux dont la presse ne parle pas sont souvent riches d’enseignements, justement par leur absence d’événements sensationnels susceptibles de donner du grain à moudre aux journalistes de tout poil. Patience, vous allez comprendre.
On parle relativement souvent des deux grandes gueules sarthoises UMP susnommées, mais personne ne dit que Le Mans, la préfecture de la Sarthe, donc la ville la plus importante du département sur le plan (entre autres) administratif, a un maire socialiste ; et quand je dis socialiste, ce n’est pas tendance Manuel Valls : sa ville est un ancien bastion communiste et il fait partie de l’aile gauche du PS – il s’est notamment distingué cet été en refusant de sonner le tocsin le jour du centenaire du début de la première boucherie mondiale, considérant que ce bain de sang n’avait pas à être glorifié. Vous noterez donc déjà une chose : toutes les anciennes villes communistes ne se mettent pas à voter Front National. Bon.
Poursuivons : si l’envie vous prend de visiter la capitale de la Sarthe (je vous le recommande, il y a une vieille ville très intéressante et une cathédrale presque aussi belle que celle de Metz – j’ai bien dit « presque », ‘faut pas déconner non plus), vous n’aurez pas à vous embêter à circuler en bagnole et à affronter des embouteillages : il vous suffira de garer votre voiture près du stade MMArena, où il y a un parking payant mais où on vous donnera gratuitement autant de tickets de tramway qu’il y a de passagers dans votre voiture, sans effet sur le prix de votre place. Car oui, Le Mans à un tramway, la deuxième ligne a même été inaugurée récemment (non, non, je n’ai pas été payé par l’office du tourisme de la ville). Suivez-moi bien, c’est là que ça devient intéressant.
Car voici : une fois dans le tramway, vous aurez la surprise de voir y pénétrer, au fur et à mesure que vous vous approchez du centre-ville, une foule bigarrée composée d’individus de toutes origines, et notamment originaires d’Afrique : beaucoup de femmes voilées, de « blacks » habillés comme dans un village du Mali, de personnes parlant l’arabe ou toute autre langue qui ne sauraient être identifiée sans une connaissance pointue de l’Afrique linguistique… Bref, tous ces immigrés ou descendants d’immigrés côtoient des Français blancs dans les transports en commun manceaux et ne font rien pour se fondre dans le décor. Plus voyants qu’eux, tu meurs. Je vous assure que je ne plaisante pas, c’est comme ça à chaque fois ! Et que croyez-vous qu’il se passe ?
La réponse tient en un mot : rien.
Il ne se passe rien. C’est-à-dire rien qui serait de nature à attirer les caméras de TF1 ou à faire le « buzz » sur la toile. Pas d’agressions, pas d’injures racistes, juste la sensation d’étouffement et de promiscuité que l’on ressent dans n’importe quel transport public bondé, même quand on n’y voit que des blancs. Vous m’avez compris : au Mans, les gens, de toutes les origines voire de toutes les nationalités possibles et imaginables se côtoient et cohabitent PACIFIQUEMENT ! Et les gens continuent à voter à gauche !
Mais la Sarthe est une terre de contraste : je dois aussi avouer que l’on y trouve un village dont le nom m’échappe mais où Marine Le Pen y avait fait un de ses meilleurs scores ; il n’y a rien d’étonnant, d’ailleurs, à ce que le nom de ce village m’échappe puisqu’il ne compte que…58 habitants. 58 habitants qui n’ont jamais vu un immigré de leur vie et qui n’en ont que l’image que leur en donne la télé, 58 habitants d’un village qui n’a absolument pas le profil d’un ancien bastion industriel dévasté par le capitalisme et où la rhétorique de « l’étranger-qui-vient-bouffer-le-pain-des-français » ne peut pas tenir une seconde…
Tout ceci me permet d’enfoncer une porte ouverte qu’il est malheureusement vital aujourd’hui d’enfoncer : la haine, que ce soit la haine de l’autre en général ou de l’étranger en particulier, n’a pas d’autre cause que l’ignorance. Si les médias cessaient de présenter systématiquement l’immigré comme un dangereux envahisseur (un comble quand on sait que la grande majorité des immigrés ne veulent pas rester en France et repartent d’eux-mêmes dans leur pays) et si toutes les municipalités osaient faire le choix d’une politique urbanistique intelligente qui force les gens à AU MOINS se voir et à constater de visu que l’étranger n’est pas dangereux, alors le vote Front National fondrait comme neige brune au soleil de la vérité. On parie ?