Les voisins bruyants sont agaçants, je l’ai dit plus d’une fois ici car c’est aussi le cas le plus fréquent. Mais que penser des voisins silencieux ?
Quand j’évoque les voisins silencieux, je précise, non pas ceux qui ne font jamais de bruit, qu’ils soient bénis entre tous jusqu’à la fin des jours, mais ceux qui nous habituent (si on peut dire) à leur bastringue et qui tout d’un coup, n’en font plus, de bruit ! Difficile de ne pas s’étonner, de ne pas être intrigué, donc. Habiter un immeuble et ne plus avoir de signe de vie de ses voisins turbulents n’est pas loin de vous procurer un sentiment d’inquiétude mêlé à une béatitude inespérée.
La situation impose une décision, en fait un choix entre trois possibilités. La première, profiter de cette aubaine sans plus. Le risque, en cas de malheur c’est de se retrouver dans la position d’accusé, genre « non assistance à personne en danger » ou bien de passer à la télé dans un reportage stigmatisant ces immeubles où les voisins ne se voient pas et s’ignorent, quelle époque ma pauvre dame. La seconde solution serait d’avertir la police immédiatement ; mais les forces de l’ordre vont-elles se déplacer pour si peu, quelles preuves tangibles puis-je apporter pour confirmer mes soupçons et surtout, si je me trompe, devenir la risée de tout l’immeuble et je risque même de subir une sévère engueulade de ces voisins pour m’être occupé de ce qui ne me regardait pas et puisqu’il en est ainsi, nous allons vous faire entendre que nous sommes bien là et vivant !
Reste la troisième possibilité, mener ma propre enquête. Sans se la jouer Fenêtre sur cour, c’est à ces extrémités que j’en suis réduit quand je n’ai plus de trace de vie de certains habitants de l’immeuble. Vérifier si leurs volets restent fermés en permanence, si les boites aux lettres sont vidées de leurs prospectus et courriers. Surveiller plus attentivement, dans les limites du possible, qui entre et sort du bâtiment, surveiller les pas dans l’escalier et les portes d’appartements qui se referment. Bref, c’est un boulot accaparent et disons-le, toujours mal récompensé puisque à un moment ou un autre, les voisins envolés réapparaissent dans un tintouin sans équivoque.
Dans ces conditions, je vais proposer à la prochaine assemblée des copropriétaires qu’on installe une pointeuse dans le hall d’entrée, à côté des boites aux lettres. Chacun devra pointer une fois par jour, pour signaler sa présence. Ainsi, plus de tracas pour ceux qui s’interrogent, plus d’indifférence entre voisins, tous seront informés des allées et venues des uns et des autres.