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10 mythes sur l’espace qu’il faudrait cesser de croire (traduction)

Publié le 12 septembre 2014 par Hesperide @IsaBauthian

Mot-clef du jour : « lune fesse »

Ou pourquoi vous ne devriez pas vous reposer sur Hollywood pour parfaire votre culture générale.

Un article de Radu Alexander, publié le 30 aout sur geekez.com

1. Dans l’espace, on explose

Comme beaucoup des mythes qui vont suivre, celui-ci a été essentiellement répandu par le cinéma. Bien souvent, les créateurs de films ne se sentent que moyennement concernés par la réalité scientifique. Prendre des libertés avec les faits pour rendre une scène plus excitante ne leur pose pas de problème majeur. Grâce aux films, nous savons donc que, dès l’instant où quelqu’un fait un tour dans l’espace sans scaphandre, il explose en une joyeuse gerbe de sang et de boyaux (quantités variables selon le classement du film).

Aller dans l’espace sans protection vous tuera, c’est certain. Mais ça ne se produira pas immédiatement et s’avèrera moins… viscéral. Un être humain peut survivre environ 30 secondes dans l’espace sans subir de dommage permanent. L’expérience ne sera pas délicieuse, mais aucun décès instantané à l’horizon. Vous mourrez probablement d’asphyxie à cause de l’absence d’oxygène. Un réalisateur a montré ça bien comme il faut : Stanley Kubrick, dans 2001, l’Odyssée de l’Espace.

2. Venus et la Terre sont identiques

On appelle souvent Venus notre planète jumelle, mais que cela ne vous donne pas l’impression qu’elle est identique à la Terre. Nous avons précédemment consacré un article à Vénus donc, sans rentrer dans les détails, sachez que cette idée s’est surtout répandue à une époque où nous ignorions complètement à quoi sa surface ressemblait. Cette planète possède une atmosphère incroyablement épaisse, il a donc fallu attendre d’y envoyer un vaisseau spatial pour réaliser à quel point elle était mortelle.

3. Le Soleil est une boule de feu

Le Soleil ne brûle pas, il rayonne. Nuance subtile, s’il en est, pour le grand public, mais toujours est-il que la chaleur qu’il émet est le résultat d’une réaction nucléaire, pas chimique (ce que serait le fait de brûler). Alors puisqu’on est sur le sujet…

4. Le Soleil est jaune

Demandez à n’importe qui de vous dessiner le Soleil et il vous sortira un crayon jaune. Ca n’est pas très surprenant. Après tout, nous utilisons ce crayon depuis que nous sommes tout petits, à l’époque où nous savions tout juste gribouiller une façade de maison avec un Soleil qui sourit dans un coin (ce n’était pas juste moi, hein ?). Et, si jamais il nous fallait plus de preuves, il nous suffirait de jeter un coup d’œil à l’extérieur, de regarder et de constater : le Soleil est jaune.

Mais en fait, si nous le voyons jaune, c’est que nous le contemplons à travers notre atmosphère. Vous êtes persuadé d’être déjà tombé sur des photos de la NASA ou autres où le Soleil était bien jaune ? C’est probablement le cas. Cette représentation imprègne tellement notre imagerie que, parfois, les astronomes modifient leurs clichés pour rendre le Soleil plus reconnaissable. Pourtant, sa vraie couleur est blanche. Si jamais vous croisez un jour un astronaute ou quelqu’un qui est allé dans l’espace, n’hésitez pas à lui demander.

Mais de toute façon, nous n’avons en réalité pas besoin de regarder le Soleil pour connaître sa couleur, il nous suffit de savoir sa température. Les objets frais sont d’un rouge brun sombre qui s’intensifie quand ils se réchauffent. Un objet d’une température de surface de seulement quelques centaines de degrés Kelvin* serait rouge. A l’opposé du spectre, les étoiles les plus chaudes, avec une température de surface de plus de 10000 degrés Kelvin, sont bleues. Avec ses 6000 degrés Kelvin de surface, le Soleil se situe quelque part au milieu, avec une couleur blanche caractéristique.

* : 1 degré Kelvin = -272.15 degrés Celsius (NDT)

5. La Terre est plus proche du Soleil en été

A première vue, cette affirmation parait plutôt logique : notre planète est plus chaude quand elle est plus proche de trucs qui la réchauffent. Cependant, cette idée fausse vient d’une mauvaise compréhension de ce à quoi est due l’alternance des saisons. La raison n’est pas la proximité au Soleil mais l’angle de notre axe de rotation. L’axe sur lequel notre planète tourne est penché. Quand il est incliné vers le Soleil, c’est l’été dans l’hémisphère concerné, quand il est incliné dans l’autre sens, c’est l’hiver.

Il est vrai, par contre, que la distance de la Terre au Soleil varie. Comme la plupart des planètes, elle suit une orbite elliptique. La distance communément donnée entre le Soleil et la Terre, appelée unité astronomique, est 150 millions de kilomètres. Cependant, au périhélie (la position de la Terre la plus proche du Soleil), elle se réduit à 147 millions de km et à l’aphélie (position la plus éloignée), elle en atteint 152. Donc, au cours de l’année, la distance entre la Terre et le Soleil change d’environ 5 millions de km.

6. La Lune possède une face sombre**

Encore quelque chose dont nous avons déjà parlé, mais on l’entend si souvent qu’un rappel ne fera pas de mal. La Lune ne possède aucune face baignant constamment dans l’obscurité. Il y a une synchronisation entre la rotation de la Lune sur elle-même et sa révolution autour de la Terre (on appelle ça le tidal lock). Cela implique qu’elle nous présente toujours le même côté. Mais elle ne présente pas toujours le même au Soleil ! Toute la surface de la Lune reçoit donc la lumière de ce dernier à un moment où à un autre.

** : En anglais, la « face cachée de la Lune » se dit « dark side of the moon » (face sombre de la Lune). L’expression française est donc moins ambiguë (NDT).

7. Le son dans l’espace

Le cinéma traite rarement correctement le son dans l’espace. J’imagine que quand vous claquez une fortune pour filmer une explosion ou une mort tragique, vous avez un peu envie que le public l’entende. Pourtant, espace égal pas d’atmosphère égal rien pour transporter les ondes sonores. Encore une fois, Kubrick a fait ça bien dans 2001. Mais attention : ceci ne suggère pas qu’il n’y aurait aucun son dans l’univers ailleurs que sur notre planète. Si vous vous rendez dans un autre endroit pourvu d’une atmosphère, vous aurez du son, mais il vous semblera sans doute un peu bizarre. Sur Mars, par exemple, tout sera plus aigu.

8. Il est impossible de traverser une ceinture d’astéroïdes

Celle-ci, on la connait tous si on a vu La Guerre des Etoiles. Han Solo nous fait une démonstration de classe et de maîtrise en pilotant son Faucon Millenium à travers une dangereuse ceinture d’astéroïdes et en s’en sortant malgré des chances de survie initiales proches de zéro. C’est très impressionnant… sauf que vous en auriez probablement fait autant (si vous aviez un vaisseau spatial à disposition).

Les films sont généralement très mauvais pour rendre compte des échelles astronomiques. Ne leur jetons pas la pierre : s’ils devaient être réalistes, ils nous montreraient juste un large écran noir avec deux pauvres petits points pour figurer des planètes ou d’autres machins. Une chose à retenir : l’espace est grand. Très, très, très grand. Même si une ceinture possédait des centaines de millions d’astéroïdes, il vous faudrait être la personne la moins vernie de l’Univers pour en toucher un seul. Ce ne serait pas impossible, mais astronomiquement improbable.

Considérons par exemple notre propre ceinture d’astéroïdes. Elle est constituée de millions d’objets. Peut-être même plus selon la taille à partir de laquelle on les prend en compte. Le plus gros est Cérès, un ancien astéroïde maintenant classé parmi les planètes naines. Cérès a un diamètre d’environ 950 kilomètres. La distance entre deux objets de la ceinture d’astéroïdes est de centaines de milliers de kilomètres. La probabilité d’en toucher un est de 1 sur 1 000 000 000. Pour l’instant, l’homme y a envoyé 11 sondes, sans aucun incident.

9. La Grande Muraille de Chine est visible de l’espace

Un autre « fait » que nous avons déjà discuté, comme à peu près tout le monde sur Internet. C’est à se demander pourquoi des gens persistent à affirmer ce truc.

10. La NASA engloutit le quart du budget des Etats Unis

Aucun doute, les Etats Unis ont fait avancer l’exploration de l’espace plus que toute autre nation. Mais malheureusement, leur contribution commence à s’atténuer au même rythme que le soutien du public à la NASA. De moins en moins de personnes s’intéressent à l’espace et c’est très dommage car il s’agit pourtant de l’un des projets les plus ambitieux portés par l’humanité.

Un des plus gros soucis de la NASA, c’est que les américains considèrent qu’elle coute trop cher. Mais son budget annuel est hautement surestimé. Des sondages révèlent constamment que les gens pensent qu’elle reçoit une part pharaonique du budget fédéral… jusqu’à 25% ! A une époque de crise financière, on ne s’étonne pas que le public veuille mettre fin à la recherche spatiale.

Le problème, c’est qu’en réalité, le budget de la NASA est bien loin de seulement approcher de telles sommes. Vous pouvez consulter ici un compte-rendu détaillé de celui de 2015, qui s’élève à environ 0.5% du budget de l’état. En fait, au cours de son histoire, le budget de la NASA a tourné autour de 1%. Dans les années 60, en plein cœur de la conquête de l’espace, il a atteint un record de 4.4%… Bien loin des 25.


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