- Eh, Secondflore, tu disais que tu te moquais de l'actu et que tu attendrais tranquillement l'hiver pour lire le Carrère... Mais j'ai mes sources, je sais que tu l'as lu ! Petit cachottier, va.
- Ok, j'avoue. Quand il a été mis hors-Goncourt, ça m'a intrigué.
- Et alors, alors ?
- ça t'intéresse vraiment de savoir ce que je pense du Carrère ?
- Ben ouais.
- OK. Mais je ne vais pas t'en faire une chronique – tu sais que mine de rien, ça prend du temps, tout ça ? En un mot : j'ai lu tout Carrère depuis la Moustache et je le tiens pour un très grand (le plus grand en France assurément, depuis que Michel H. a lâché l'affaire), vu le thème j'étais tout frétillant... mais bon, avouons-le, c'est inégal – il reste cette maîtrise de la narration, cette honnêteté sans fard vis-à-vis de lui-même... et l'envie qu'il m'a donnée d'aller me replonger dans le Nouveau Testament, et de chercher la vie, la vraie, derrière des textes d'avant-hier. Bref : peut-être le sujet est-il par nature impossible, peut-être la marche était-elle trop haute, quoi qu'il en soit il y a cent fois plus de force là-dedans que dans tout ce que j'ai pu lire de la sélection de chez Drouant. Sur quoi je ne ne t'en dirais pas plus, je risquerais de m'énerver et je préfère ne pas.
- Et sinon, alors, pour s'enthousiasmer un peu, tu as lu quoi ?
- Voilà une bonne question ! Pour commencer, je te donnerais bien envie d'un peu de folie.
- Tu crois vraiment que j'aimerai ?
- Je ne peux peux pas le savoir à ta place, mais si tu te piques d'écrire, vas-y voir. N'essaie pas d'imiter Carrère, tu te brûlerais les ailes ; mais de Benatar et Vann, dans deux styles complètement opposés, tu auras des leçons à prendre (j'en ai pris). Et si tu préfères la normalité à la folie, t'inquiète, je vais t'en causer bientôt avec Sophie Divry. A moins qu'on ne commence par Mileta Prodanovic, pour rire un peu et éviter de devenir fou dans une ville en guerre. Tu verras, il y a plein de bons livres quand on sort de l'autoroute. Allez, salut.