Tournée en 1958 pour la Toho, La Forteresse Cachée devait absolument être pour son réalisateur Akira Kurosawa un succès commercial, le but étant par la suite de financer des projets de films plus personnels. Comme il eu un énorme sucées au Japon, Kurosawa pu donc réaliser des œuvres moins évidentes traitant de sujets plus sensibles (« Les Salauds Dorment en paix » par exemple, satire ultra virulente du monde des affaires). Cependant, pour le metteur en scène japonais, réaliser un film dit « populaire » ne signifie pas pour autan renoncer à une certaine exigence cinématographique, bien au contraire.
Conçu comme le prototype d'un cinéma d'aventure de rêve, La Forteresse Cachée est un film haletant. Au temps des guerres de clans du 16e siècle, il raconte les péripéties en territoire ennemi de deux déserteurs gaffeurs qui, après maintes mésaventures, et appâtés par un fabuleux trésor, se retrouvent entrainés malgré eux dans le sauvetage d'une princesse. Si ça vous fait penser à un autre film c'est normal. De l'aveu de Georges Lucas lui même, La Forteresse Cachée servit de modèle au premier épisode de la saga Star Wars. En effet nos deux trublions ont bel et bien inspirés les personnages de Z6PO et R2D2. On comprend que Lucas ai utilisé La Forteresse cachée comme modèle tant l’équilibre entre comédie et action semble ici parfaitement maitrisé et les comparaisons ne s’arrêtent pas là. Ainsi tout comme la princesse Léia, le film sera également marquant pour son personnage féminin fort et charismatique qui, dans le Japon de l'époque, fit l'effet d'une petite révolution (et au passage lança la mode des mini shorts chez les jeunes Japonaises).
Pour le casting on peut compter sur la troupe d’acteurs habituelle chez Kurosawa et bien sur on retrouve l’inamovible Toshiro Mifune en héros splendide et indestructible exécutant lui-même ses propres cascades (Mifune étant un cavalier émérite et septième Dan de Kendo). De plus il a pu compter sur les conseilles avisés de son metteur en scène, lui-même descendant d’une lignée de samouraïs et épéiste hors pair*. Utilisant pour la première fois le format cinémascope, Kurosawa donne une ampleur inédite à son cinéma et aux scènes de foules (à ce titre il faut voir la séquence de l’escalier rendant un hommage appuyé au « Cuirassé Potemkine » d’Eisenstein et qui n’a, même aujourd’hui, rien perdu de sa puissance visuelle). Truculent et passionnant, La Forteresse Cachée est un vrai régale et reste unanimement considéré (avec Capitaine Blood et les 39 Marches d’Hitchcock) comme l’un des meilleurs films d'aventure jamais tournés.
Le film est sortit en vidéo il y a peu aux Etats-Unis chez Criterion dans une très belle éditions Blu Ray. Espérons que par chez nous l’éditeur Wild Side (qui projette de sortir l’intégrale des années Tōhō de Kurosawa en HD) fasse aussi bien et qu’ils puissent nous faire oublier la précédente édition Dvd.
*A ce sujet, dans sa très intéressante biographie (hélas introuvable aujourd’hui) Kurosawa nous raconte enfant sa rixe entre lui et une bande de voyous et comment il les a terrassé à l’aide d’un simple bâton. Un passage démontrant ses grandes capacités martiales et son talent de conteur hors pair (a la lecture les images de la scène nous venant instantanément).