Paul Bismuth
Peu après l’annonce de la mort d’Hervé Gourdel, décapité par un groupe proche de l’État islamique, mercredi, Nicolas Sarkozy a contacté les proches de l’otage français pour leur présenter ses condoléances, rapporte Europe 1, sans apporter de détails. Une initiative qui n’a pas manqué de provoquer la colère de certains élus de gauche, selon Metronews. D’autant plus que l’ancien président se serait débrouillé pour que l’information soit reprise dans les médias.
Nicolas Sarkozy
«La récupération politicienne de l’assassinat d’Hervé Gourdel par Nicolas Sarkozy, qui l’a en plus fait savoir à la presse, est indigne», s’est insurgé le député socialiste Yann Galut sur Twitter. Christophe Castaner, lui aussi, député du PS, estime que cette manœuvre prouve que Nicolas Sarkozy «n’a pas changé».
«Toujours démago»
Dans Le Nouvel Observateur, l’analyste des médias François Jost ne mâche pas ses mots, accusant Sarkozy d’utiliser toujours les mêmes méthodes «démago»: «Plutôt que de prendre la pleine dimension de ce que ce geste atroce signifie, il pratique une fois de plus la stratégie (…) qui consiste à aller sur le terrain, dès qu’un drame survient, pour exposer aux yeux du public sa compassion. (…) Et cette façon de procéder est si caractéristique de ce que fut le président Sarkozy, qu’à l’atrocité des événements historiques que nous sommes en train de vivre, je ne voudrais pas que s’en ajoute une autre, (…), celle du retour des méthodes de Sarkozy, écrit-il.
De son côté, le secrétaire national du Parti de gauche, Alexis Corbière, a calmé le jeu, estimant qu’il était «normal qu’un ancien chef d’État veuille contacter la famille de l’otage décapité». Avant d’ajouter: «Mais s’il a vraiment fait fuiter cette démarche dans la presse, ce serait scandaleux. Cela deviendrait une opération de communication purement cynique», a-t-il déclaré à Metronews.