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La vraie nature des cuistres

Publié le 30 septembre 2014 par Stella

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J'ai vu, il y a quelques jours, un petit extrait d'une interview de Pierre Desproges. Reçu par un journaliste de plateau, il avait demandé que soit projetées les images de l'entartage de Bernard-Henri Lévy. Furieux de la mésaventure, l'entarté (à propos duquel existe une excellente chanson de Renaud, d'ailleurs) s'était mis en colère contre l'entarteur, attendant que celui-ci soit maîtrisé par un agent de sécurité et maintenu fermement à terre, pour lui hurler qu'il allait lui casser la g... "viens-y ! viens ! allez !" vocifère-t-il en sautillant, sûr que rien ne peut lui arriver. La scène est pitoyable . Il n'est franchement pas jojo l'entarté, soit dit en passant pour paraphraser un succès de librairie .Commentaire de Pierre Desproges à propos du choix de cet extrait : "Il faut montrer cela à tout le monde, c'est important. Il faut que soit révélée la vraie nature des cuistres".

La vraie nature des cuistres... Nous sommes effectivement environnés de ce type d'individus, jusque dans notre immédiate proximité. Interrogez-vous : n'avez-vous pas dans votre entourage un de ces personnages pédants et insupportables ? Sa vanité prête à sourire, il est ridicule mais notre savoir-vivre nous empêche de manifester trop ouvertement notre moquerie. Il est fier d'étaler sa science, il a toujours fait lui-même ce que vous venez d'expérimenter, il lui est toujours arrivé l'anecdote que vous êtes en train de conter, mais en plus grave, en plus extraordinaire, en bref : en plus intéressant. Il ne vous écoute qu'à peine et renchérit avec un "moi, je..." qui donne envie de soupirer de découragement. Ce goujat aime à se mettre en valeur devant des gens qu'il estime être moins intelligents, ou moins informés, ou moins familiers que lui-même avec le sujet de la conversation. Du moins le croit-il. Or, au mieux, ses interlocuteurs se fichent comme d'une guigne de son commentaire et au pire, ils ne comprennent pas un mot à son jargon qu'il rendra tour à tour scientifique, littéraire ou même humoristique et cet aspect est presque le plus difficile à supporter. L'humour des cuistres est terrifiant.

Je regrette souvent Pierre Desproges, son intelligence, son esprit transgressif. Dans la période policée et lisse qui est la nôtre, où l'on ne peut plus dire quoi que ce soit sans tomber dans l'interdit ou dans le jugement de valeur, les brigades de répression du vice et de promotion de la vertu sont à l’œuvre. Ca me déprime...


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