Statistique lue dans le magazine Challenges de cette semaine : « En avion, 55% des passagers préfèrent un siège côté hublot, 37% demandent le couloir et 2% le milieu. »
Le chiffre étonnant, c’est bien entendu celui de ceux qui réclament une place au milieu. Nous parlons bien de ceux qui veulent cette place et non de ceux qui y sont condamnés. Car enfin, qui peut avoir envie de faire un voyage coincé entre deux passagers, dans son minuscule siège ? Il y a là une forme de vice qui m’échappe et me semble particulièrement suspect. J’en viens donc, tout naturellement, à penser qu’il doit s’agir d’emmerdeurs professionnels.
Le genre de personne qui va vouloir aller pisser toutes les trente minutes et obliger son voisin, côté couloir évidemment ( !) à se lever. Ou bien d’un bavard impénitent qui essaiera de regarder par le hublot et se retrouvera en position idéale pour engager la conversation avec le passager pris dans son champ de vision. Ou encore un qui jouera des coudes pour prendre les accoudoirs et être certain d’emmerder au moins un de ses encadreurs.
Peut-être ai-je laissé parler mon mauvais esprit et qu’une autre hypothèse soit envisageable. Le froussard terrorisé par les vols aériens, le phobique de l’avion, le malheureux contraint et forcé de grimper dans une carlingue pour rejoindre une destination trop lointaine pour y aller en train ou vélo. Il choisit cette place centrale pour ne pas avoir un regarder par les hublots les dangers potentiels, ni s’offrir une vue sur le couloir d’où l’on peut apercevoir les hôtesses en larmes ou pire encore, un des pilotes sorti de sa cabine et tirant une tronche affolée à vous faire dresser les cheveux sur le crâne, tandis que l’avion est pris dans des trous d’air à vous donner la nausée. Coincé dans son espace réservé, il ne regarde que ses pieds ou bien ferme les yeux carrément et prie en silence, confit dans une suée glacée.
En tout état de cause, la minorité de ceux qui désirent une place au milieu, relèvent de la médecine et devraient se faire soigner.