Notre société certifiée de consommation nous pousse à jeter un tas de choses à longueur d'année. Au Sénégal, rien ne se perd je crois, et ici, la récupération est un art. Il paraît que des tonnes de choses jetées à la décharge nous reviennent récupérées et recyclées par les artisans. Dans ce pays qui compte une majorité de pauvres, c'est à qui sera le plus débrouillard... Pas question de perdre quoi que soit qui puisse être utile. Surtout pas un arbre par exemple, surtout pas dans la région de Dakar qui connaît la rudesse de huit mois sans pluie. Alors lorsqu'on a un arbre dans le jardin, en général, on le bichonne, on l'entretient. Surtout quand il porte des fruits. Si en plus le fruit peut servir à long terme, alors on va jusqu'à lui donner un petit coup de main...
" Hélas, elle ne donnera rien cette calebasse ! C'est une variété dont les gousses pourrissent, quoi qu'on fasse. Il a perdu son temps... " nous confie la maitresse du calebassier qui connait son affaire et qui a déjà vu d'autres jardiniers entretenir ce même espoir mâle papaye comme on dit aux Antilles, d'un espoir vain. Pauvre jardinier lorsqu'il le découvrira...
En attendant, moi j'ai plaisir à me retrouver dans sa tête, à regarder avec lui la pensée qui lui dit que... oui, il faut soutenir la calebasse...parce qu'elle pourrait se décrocher... Et ça ce serait pas bien pour la bien belle calebasse qui s'annonce là, mais regardez moi ça ! Que deviendra-t-elle, kora ou marmite ? En tout ças elle sera belle, c'est certain. Donc il faut la soutenir... Et puis pendant que j'y suis, je vais aussi soutenir celle d'à côté... La branche la supporte bien, mais je vais quand même la stabiliser, on ne sait jamais...
Et hop, il se met, comme l'oiseau, à tresser un nid pour la calebasse. Quand il a fini, Il pose la promesse de somptueuse calebasse dedans et il fixe le tout et... la calebasse est sauvée !
Je trouve que c'est un très joli trip...
1ère publication : octobre 2008