Applications et surpopulation

Publié le 02 octobre 2014 par Rolandbosquet

      Il existe des applications pour smartphones pour tout ou presque tout. Une "appli." pour rappeler l’heure du lever, du brossage des dents, de la prise de la pilule du lendemain, de la sortie du four du gâteau aux pommes, des œufs mollets de leur eau frémissante ou des enfants de l’école. Une "appli." pour alerter du retour du mari ou de l’épouse, de l’arrivée du chef de service, de la date limite pour payer ses impôts. Une "appli." pour signaler à votre assureur que vous conduisez bien et une "appli." pour l’avertir lorsque vous conduisez mal.  Une "appli." spéciale avec GPS à destination des papy-mamie pour prévenir les services de secours qu’une mauvaise chute de vélocipède les cloue au sol dans une rue inconnue. Une "appli." pour rappeler la date de l’anniversaire de votre belle-mère, de votre compagne ou même de la mignonne petite serveuse du café-bar-tabac du coin de la rue. La liste de ces petits logiciels qui ne servent pas à grand-chose mais ont le pouvoir d’user la "batterie" de votre téléphone-appareil photo-calculatrice-internet est aussi longue qu’un jour sans camembert pour un Normand empreint de normalitude.  Des ingénieurs tout fraîchement sortis des Hautes Écoles de Tout réfléchissent malgré tout à une application tout à fait révolutionnaire qui gèrerait toutes les "appli." en service sur votre smartphone et vous signalerait la mise à jour automatique et obligatoire de celles qui n’y sont pas encore. Directement reliée à cette dernière une application établie en partenariat avec l’Académie Française, vous admonesterait avec des noms d’oiseau particulièrement sentis au cas où vous refuseriez la dite-mise à jour. Mais rares seront en réalité les récalcitrants tant les utilisateurs sont persuadés que ces perfectionnements ne peuvent que faire avancer notre monde en bon ordre vers son futur. Hélas, le futur prochain de notre planète se rapproche aussi sûrement de la surpopulation que l’État du déficit. Jean-Louis Fournier avait déjà trouvé une solution pour résoudre l’excès de locataires en résidence sur notre globe. Puisqu’une femme y accouche chaque quart de seconde, il suffirait de la retrouver et de lui demander de s’arrêter. Les places de stationnement en centre-ville se libéreraient plus rapidement et les problèmes d’approvisionnement pour nourrir les nouveaux arrivants s’en trouveraient enfin résolus. Mais en attendant que nos fins limiers aient trouvé la coupable, une "appli." pourrait être élaborée pour rappeler aux vieux vraiment trop vieux qu’il serait grand temps pour eux de songer à quitter cette bonne vieille terre qui manque de place. Elle pourrait être chargée d’office sur les smartphones bien entendu mais aussi dans les "sonotones", les musiques d’ambiance des ascenseurs des maisons de retraite ou sous forme de message subliminal à la fin des épisodes de "Plus belle la vie" et de "Vivement dimanche". Afin que la déontologie soit respectée, la mise en œuvre de ce programme serait confiée à la Sécurité Sociale puisqu’elle en serait la première bénéficiaire grâce à la réduction de ses charges. Et afin que les populations soient démocratiquement informées, il suffirait ensuite d’une simple "appli." de première catégorie affichant toutes les heures le nombre des êtres humains encore en vie. On voit par-là que le progrès avancerait ainsi à grand pas et que notre monde se dirigerait dans la joie vers cet avenir qu’il espère toujours plus radieux.