En attendant Godo (o Guia)
Publié le 12 octobre 2014 par Gilles Poirier
Faire comprendre aux Brésiliens qu'on n'est plus efficace après minuit quand on a commencé sa journée à 7h du matin n'est pas une mince affaire. Et même s'ils couvrent leur derriere en disant que pendant les heures d'attente je ne suis pas obligé d'être là, je peux aller me reposer, c'est facile à dire mais pas si facile que cela à faire, tout d'abord parce que même s'il se passe rien au premier abord, ils peuvent débouler d'une minute à l'autre pour démarrer dans l'urgence la plus extrême et il ne s'agit pas alors de se reposer dans sa chambre car alors on vous cherchera partout avec un ton de reproche que l'on ne se soit pas trouvé sur son poste au moment exact ou ils vous cherchaient. La législation brésilienne n'est pas aussi restrictive que la française, autorisant jusqu'à 16h d'affilée de travail et seulement 8h de repos alors que en France un minimum de 11 heures de repos est requis entre chaque tranche de travail ne pouvant excéder 12 heures. Mais s'arquebouter sur la législation française que je suis sensé suivre demande des efforts surhumains impossible à tenir devant la pression continue pour démarrer à des heures indues. Je pourrais dormir le matin, mais quand les trois autres se lèvent et se réfugient à tour de rôle dans la salle de bain, qu'à son tour on a la vessie pleine et que l'on doit prendre sa douche que l'on n'a pas pu prendre le soir d'avant et que le ventre réclame un petit déjeuner dont le service se termine à 8h, cela laisse peu de place au sommeil matinal. Quant en plus il faut se rendre sur le site pour avoir une connexion internet ou alors s'entasser à dix dans un bureau de 4 places, il est vite fait que l'on enfile son casque, ses gants, ses lunettes de sécurité et ses bouchons d'oreilles en sus de la combinaison orange et des bottes de sécurité que l'on ne quitte pas de la journée pour rejoindre tranquillement son poste de travail et surfer sur internet en attendant Godo ou plutot O Guia (le guide).