J'aime beaucoup les bibliothèques municipales. Quelles qu'aient été les villes dans lesquelles j'ai vécu, j'ai toujours eu ma carte de bibliothèque. J'aime l'odeur surannée qui y règne, j'aime la tête des bibliothécaires, une profession qui m'a toujours semblé extraordinaire, j'aime les gens qui y viennent... On y murmure, on y marche lentement, la tête souvent penchée pour lire les titres le long des étagères bref, c'est l'un de mes lieux favoris.
J'aime aussi les bibliothèques municipales parce qu'on y trouve ce que l'on ne cherche pas. Celle de la rue Mouffetard m'avait apporté, il y a quelques années, une merveilleuse découverte - un essai d'autobiographie signé Madeleine Raillon une dame ayant vécu l'occupation dans mon quartier - et... un contact inespéré avec l'auteure. C'était en 2007 et elle avait 85 ans. Si elle est toujours de ce monde et qu'elle a connaissance de ce billet, je la salue bien chaleureusement. D'ailleurs, magie du blog aidant, j'avais également permis à un de ses lecteurs - et des miens ! - d'entrer à nouveau en contact avec cette dame, des décennies après qu'il a lu un court ouvrage qu'elle avait écrit pour les enfants.
Que mon lecteur me pardonne cette longue entrée en matière, mais certains jours, les souvenirs reviennent en foule...
Tout ceci m'amène donc à vous narrer le plaisir que j'ai eu, il y a à peine trois jours, à découvrir tout à fait par hasard dans les rayons de ce qui est désormais la bibliothèque Mohamed Arkoun, un livre intitulé Taille 42. Signé Charles Pollak, rédigé à l'aide de la plume de Malika Ferdjoukh, c'est un récit autobiographique et, plus précisément, de l'enfance de l'auteur. Fils d'un tailleur juif hongrois, lui-même "roi de la boutonnière", Charles Pollak raconte ses souvenirs de la Seconde guerre mondiale puis de l'occupation, de son père, sa mère, sa soeur Madeleine et son frère André, toute une famille qui finit la guerre réfugiée... dans une petite ville du nord de la France, pour ainsi dire dans la gueule du loup et s'en sort, au nez et à la barbe des nazis. C'est drôle souvent, à en éclater de rire toute seule dans mon salon, c'est triste parfois et inquiétant toujours. Livre sans prétention littéraire mais fort bien rédigé, succession d'anecdotes et de personnages attachants que l'on suit avec délectation au fur et à mesure de l'histoire, cet ouvrage n'a probablement pas fait beaucoup parler de lui à sa parution, en 2007. Par chance, on le trouve toujours au détour des rayons, quand le temps grisâtre invite à folâtrer, heureuse occupation, dans la bibliothèque du coin de la rue. Que dire d'autre, sinon que je vous le recommande, tout comme la fréquentation des bibliothèques !