Il m'a remplacée. Ca y est. Je suis remplacée. Je le sais depuis mercredi. Par une prof en plus. J'avoue que cela a été très dur de l'entendre.
Comme si je ne le connaissais plus. Comme si je le découvrais. Ce n'est toujours pas facile, d'ailleurs. Mais c'est peut être un service qu'il me rend au fond. Même si je comprends pas... Il y a
encore quelques semaines, il clamait qu'il m'aimait et n'aimait que moi. Et tout à coup il y en a une autre. Une prof en plus. Oui, je sais, je l'ai déjà dit. Il ne lui aura pas fallu longtemps
pour m'oublier. Et ça m'attriste. Et ça m'écoeure. Et je ne comprends pas.
Ce que j'avais toujours admiré chez lui, c'était le temps qu'il s'accordait avant de commencer une nouvelle histoire. Je ne le percevais pas comme un coureur mais comme un amoureux, et je ne l'en
aimais que plus. Parce que j'avais toujours aimé ça chez lui. Il n'y a pas si longtemps, il me disait : "Non, je n'ai trouvé personne. Je ne cherche pas. Je sais qu'il va me falloir beaucoup
de temps. Je n'ai pas envie." Et je le croyais. Je le croyais tellement. Ca me rassurait. Je me disais que nous avions bel et bien vécu la même histoire. Une grande histoire d'amour, qui ne
s'oublie pas en claquant des doigts. Sauf qu'il m'a déjà oubliée. Ceux qui connaissent le fin fond de l'histoire, celle que je n'ai pas racontée ici, sauront combien je tombe de haut, et combien
c'est dégueulasse de sa part. Combien c'est contradictoire.
Pour une fois, je n'écrirai pas un texte à rallonge. Surtout si c'est pour le supprimer plus tard parce que finalement, je le trouve trop intime. Parce qu'il n'y a plus rien à dire. Que je suis
triste et c'est tout. J'atterris. Je ne l'aurais jamais cru capable de me rayer de la carte aussi vite. Jamais. J'évite d'imaginer qui elle est. Et si elle l'aime. Et qui a fait le premier pas. Et si elle est blonde, brune. Si elle est plus mince que moi. Si elle
est mieux que moi. Si elle est grande, porte des jeans moulants. Si elle est sportive. Ca ne me donne rien, à part remuer le couteau dans la plaie. Je réalise, tout doucement. Je réalise tout
doucement ce que je n'étais pas parvenue à admettre jusqu'ici, malgré mes grandes déclarations et mes odes à la liberté tout à fait feintes : nous ne reviendrons pas l'un vers l'autre. Ce n'est
plus ma moitié. Lui et moi, c'est terminé. Lui et moi, ce n'était rien. Un tout petit grain de sable dans un désert. Et il n'y a plus rien à dire. A part qu'il ne fait que me décevoir. Et que
maintenant, c'est sans aucune importance. Sans aucune incidence. C'est rien.