Les filles se dérobent

Je me vois assis dans un café, j'attends, je tue le temps, je rêve.Quand je ne rêve pas, les secondes sont longues, les quais se dérobent, les filles aussi, ne m'en tenez pas grief.J'étais enfant, on me demandait : que voudras-tu faire quand tu seras grand? Je disais marin, pirate, chevalier, sans avoir conscience que je l'étais déjà, à ce moment-là, marin, pirate, chevalier, et bien plus encore. J'étais roi dans mon royaume, sans me douter de son écroulement inéluctable.Sans peur et sans reproche, puissant et généreux, j'étais enfermé dans mon château de paille, j'avais le monde dans la paume de ma main, je ne connaissais rien mais je savais tout.Les années ont passé, la vie m'a donné du fil que j'ai retordu avec peine. J'ai couru, j'ai dépensé, j'ai exécuté. Je suis en vie toujours, j'ai mes petits et grands bonheurs, mais le monde, mes amis, le monde, pourquoi est-il de plus en plus dingue et cruel?