L’Aigre Doux nous propose aujourd’hui 3 billets Amers sur des sujets très différents : terrorisme au Canada, UMP et UDI et chômage.
Ici à l’Observatoire du MENSONGE, nous aimons la liberté de publier.
Ce qui ne veut pas dire que nous approuvons.
Le Billet Amer #1
Par L’Aigre Doux
A propos du terrorisme
Et bien, ça y est! Nous y voilà, dans le vif sanglant du sujet. Ce qui vient de se passer au Canada, dans la capitale Ottawa, en ces lieux forts en symbole que constituent le Parlement, espace institutionnel privilégié de l’exercice des libertés démocratiques et le Monument aux Morts, dépositaire de la mémoire nationale, est sans doute le coup d’envoi de l’externalisation de la guerre absolue lancée depuis de lointaines contrées par le mouvement islamiste.
Chose promise, chose due : les adeptes du Califat annoncent la couleur. Ils disent ce qu’ils veulent faire et ils font ce qu’ils ont dit. Le signal a le mérite d’être clair et d’alerter toutes les capitales occidentales investies dans le conflit au Moyen-Orient. Les attentats meurtriers contre des soldats, les endroits emblématiques choisis pour donner la mort, ont pour but de délivrer des messages forts de nature à traumatiser l’opinion et à démontrer que nul point dans le monde ne peut se situer hors de ce front universel.
Le Canada paye cash son irresponsable laxisme dans tous les domaines ayant permis l’émergence de ce terrorisme islamique, aussi coupable à ce titre que l’Angleterre ou la France. Conseiller aux militaires de ne plus se déplacer en uniforme pour des raisons de sécurité constitue une honteuse capitulation des autorités dans la droite ligne de toutes les concessions déjà acceptées sous la pression qui ne faiblit pas de groupes religieux extrémistes. Mais cette attitude de démission est depuis longtemps la règle, dans nombre de nos cités ou aucun policier n’ose quitter son domicile ou y revenir en tenue de service.
De plus, l’inquiétante implication des nouveaux convertis au plus haut niveau de l’action armée, celui du sacrifice suprême et consenti de sa vie, zèle bien connu chez ceux qui veulent « prouver que », nous contraint à une autocritique sur les raisons profondes de ce dérangeant phénomène.
Dans des sociétés qui ont très largement abandonné toutes leurs valeurs séculaires fondatrices de leur contrat social- patriotisme, identité, famille, respect, autorité, discipline- au bénéfice du tout permissif- interdit d’interdire- du tout revendicatif- que des droits et aucun devoirs- la place est largement abandonnée aux prêcheurs de haine exaltés. La perte de repères appelle immanquablement une substitution qui s’opère au bénéfice de théories nouvelles, même les plus sulfureuses, capables de parler aux esprits faibles ou désemparés, de leur indiquer un cap, de leur offrir une voie de rédemption dans un combat qui se veut purificateur face aux débordements sociétaux de toute nature. Proposer en échange une courbe de croissance, un PIB ou un CDD, ne pèse pas lourd pour une jeunesse en manque d’idéaux fédérateurs et motivants. La faiblesse consternante de la réponse apportée par nos démocraties suscite de légitimes inquiétudes quant au résultat final du match.
« Des larmes, de la sueur et du sang » avait dit le vieux Winston. Nous y sommes.
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A propos des futures élections des présidents à UDI et UMP.
C’était déjà parti depuis longtemps à droite avec les élections programmées des présidents de l’UMP et de l’UDI et les candidatures multiples à l’échéance 2017. Voilà que la gauche, qui ne veut pas être en reste, se lance à son tour dans une primaire qui ne dit pas son nom. Une bataille idéologique totale qui élabore ses stratégies et déploie ses tactiques autour de clivages profonds opposant archaïques et modernistes, post-bolcheviks nostalgiques du Congrès de Tours et sociaux-démocrates émules de Schroeder et Blair.
Le Parti socialiste, qui détient la majorité à l’Assemblée Nationale et dont les représentants gouvernent la France, s’est lancé dans une guerre interne curieuse et suicidaire qui va laisser peu d’espace à la solidarité indispensable pour conduire une nécessaire, bien qu’à ce jour très insuffisante, politique de réformes.
Accueillie comme le nouveau Messie, Martine Aubry repliée dans ses territoires nordistes depuis sa mise à l’écart, conséquence de son échec en 2011 face à François Hollande lors de la désignation du candidat socialiste à la Présidence de la République, savoure ce retournement avec délectation. Elle n’a jamais pensé que son rival chanceux avait la dimension présidentielle et elle ne se cachait pas pour exprimer cette opinion à l’époque. La défaite, qu’elle aurait subie sans trop d’amertume face à DSK, a été ressentie comme humiliante contre ce candidat venu de nulle part, sans aucune expérience gouvernementale, plus réputé pour sa capacité au compromis, son goût pour les synthèses et ses saillies humoristiques, que pour sa vocation à porter un grand projet pour la France.
Elle se trouve tout naturellement en situation de prendre la tête de ce grand chambardement interne ou d’y être propulsée faute de mieux par des « frondeurs » jusque -là sans grande dimension politique. En rameutant les écologistes, le Front de Gauche, le Parti Communiste (oui ! oui ! Il y a encore un Parti Communiste en France) et les vieux bouts de ficelle des groupuscules marxistes qui se sont illustrés en soutenant les manifestations antisémites des pro-palestiniens, le compte est suffisamment bon pour incarner « la vraie Gauche » et donner des cauchemars au couple Hollande-Valls. Eux- mêmes engagés dans ce sur-place suspicieux des coureurs cyclistes avant le déclenchement du sprint final, ils ont en définitive moins à craindre de l’opposition parlementaire officielle que de leurs « amis » en ébullition. Collapsus politique assuré sur fond de crise généralisée dont le développement échappe manifestement à tout contrôle.
Plus que jamais, à gauche « Gardez-moi de mes amis, mes ennemis, je m’en charge». Mais qui a dit que cela n’était pas identique à droite ?
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A propos du chômage.
« Contre le chômage, on a tout essayé ». Ce constat désabusé de François Mitterrand, au milieu des années quatre-vingt, sonne comme un écho lointain, 30 ans et plus de deux millions de chômeurs supplémentaires plus tard, à la déclaration lucide et résignée de l’actuel ministre du travail François Rebsamen à propos de la situation de l’emploi en France : « Soyons honnêtes, nous sommes en échec ». Dans ce domaine, depuis la fin des Trente Glorieuses, à partir du premier choc pétrolier des années Giscard, la France et tous ses gouvernements ont été dans l’incapacité de traiter ce problème permanent qui s’est amplifié sans aucune rémission.
L’aveu est une denrée rare dans le monde politique. Tous les stratagèmes, toutes les finasseries sémantiques, toutes les mises en avant de boucs-émissaires sont copieusement utilisés par les responsables pour se dédouaner, se défausser, se justifier, s’absoudre. En l’occurrence, le mea culpa du ministre ressemble à cette impasse, le « a quia » qui concluait les discussions des philosophes grecs en panne d’arguments. C’est ce qui en fait l’aspect le plus alarmant et donne un crédit inquiétant au propos déjà défaitiste de l’ancien président socialiste. Il n’y a donc plus rien à faire puisque tout le monde a tout tenté. Et pourtant…
Fière de son modèle social (que le monde entier nous envie!) issu, après la seconde guerre mondiale, du Conseil National de la Résistance, la France a été incapable de l’adapter aux évolutions économiques, sociales, technologiques, géopolitiques. Corsetée par les blocages de toutes origines, émanant des diverses forces et groupes de pression qui le structurent notre pays s’est laissé submerger par le flot des avantages acquis, des revendications, des exigences, des droits des corporations, des féodalités syndicales, patronales ou politiques. « Dégraisser le mammouth » avait promis Claude Allègre au sujet de l’Education Nationale dont il était le Ministre dans le gouvernement Jospin, s’était révélé aussi ardu à réaliser – et ce ne le fut pas- qu’un des travaux d’Hercule. Et tout à l’avenant …
En réalité, rien n’a été fait ou essayé. Tant qu’un gouvernement n’osera pas réformer en profondeur le code du travail obsolète et non l’épousseter, libérer les forces de l’entreprise créatrice d’emplois productifs, annuler ce stupide principe de précaution, inscrit dans la Constitution par Jacques Chirac, qui bride l’initiative, simplifier les circuits de l’administration, réformer les régimes spéciaux de retraites, assouplir les formalités d’embauche et de débauche, actualiser la durée et le temps de travail, supprimer les redondances des organismes publics qui prolifèrent à travers la décentralisation, rien n’aura été fait. Tout n’aura pas été essayé.
Formules pieuses pour un Chef de l’Etat et son gouvernement au bout du rouleau, sans but, sans crédibilité nationale et internationale, sans soutien populaire ou institutionnel dont on se demande par quel miracle il tient encore debout. Avec la crainte, étant donné les enseignements du passé, que l’alternative ne soit pas plus efficace.
L’Aigre Doux
*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur ***
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