Nous autres voisins

Dans l’immeuble nous sommes plusieurs à être retraités, donc présents dans nos appartements plus souvent que les autres. Or, paradoxalement, ce sont ces voisins que je croise le moins souvent dans l’escalier ! Je suppose qu’eux-mêmes se font cette remarque s’ils pensent à moi.

Evidemment, j’ai cherché à comprendre cette bizarrerie. J’y vois plusieurs explications possibles qui sont la timidité, la discrétion ou la misanthropie. A priori j’exclurais le troisième cas, tandis que les deux autres, mêlés, sont largement plus probables.

Il est facile de ne pas se croiser dans mon immeuble. Chacun a ses habitudes de sorties, soit pour partir au travail, soit pour aller chercher les enfants à l’école, soit pour aller chercher son courrier dans sa boite aux lettres, qui correspondent toutes à des horaires précis. Il suffit donc d’éviter ces heures pour mettre le nez hors de son appartement et être – presque – certain de ne rencontrer personne dans l’escalier.

On peut aussi, plus vicieusement, guetter les bruits sur les paliers en restant derrière sa porte et ne sortir que lorsque le grand calme règne. Les judas des portes n’ont pas non plus été inventés pour les chiens. Mais il faut, de son côté, faire un minimum de bruit pour ne pas se faire repérer, car il y a le cas de ceux qui cherchent absolument à croiser leurs voisins pour entamer des causettes et ceux-là raisonnent exactement à l’inverse de vous pour être certain de pouvoir vous chopper dans l’escadrin. Le B.A.BA de la guérilla urbaine.

Ceux qui habitent en maison individuelle sont ignorants de tout cela. Voisin d’immeuble, c’est un métier à plein temps qui requiert beaucoup d’expérience, où ruse, compréhension et compassion sont largement employées.