Des signes imperceptibles m’avaient alerté. Une sorte d’engoncement dans certains vêtements, l’étrange arrondi de ma bedaine devant ma glace de salle-de-bain m’amenant à douter que ce fut ma silhouette. La balance a tranché d’un avis sans appel, j’ai pris trois kilos depuis le début de l’année.
A qui les avais-je pris, l’histoire ne le dira pas et là n’est pas la question. Sachant que je m’autorisais une fourchette de deux kilos par rapport à mon poids d’athlète, deux en moins l’été grâce aux suées récoltées durant mes longues balades, deux en plus l’hiver pour affronter la météo frisquette, j’ai atteint aujourd’hui un seuil fatidique de cinq kilos supérieur à ce que j’estime être l’idéal !
Ancien gros dans une vie antérieure, il n’est pas question que je laisse les vannes de l’obésité s’ouvrir sans réagir. Il faut juguler l’empâtement à la naissance sinon il sera trop tard. Ne pratiquant pas l’excès alimentaire, ma femme veille au grain, seul le manque d’activité physique peut être à la source de mon malheur naissant. Aïe, aïe, aïe, moi qui voyais venir la mauvaise saison d’un œil satisfait, me régalant par avance de longues séances de lecture dans mon canapé, mes plans dérangés ne font pas mon affaire.
Depuis plusieurs dizaines d’années, je me vantais d’avoir un poids stable, or voilà qu’en pleine période de crise et après deux ans de mandature socialiste critiquée par beaucoup, je m’épanouis et engraisse comme cochon à l’approche des fêtes de fin d’année. N’y-a-t-il pas là comme une sorte de provocation, indépendante de ma volonté il va s’en dire. Mais c’est mieux en le disant.