Il faut que je vous parle d’un truc un peu dingue qui me gagne en ce moment. Je me découvre un être qui jusqu’à présent m’était éloigné, un égo peut-être, en tout cas une sorte de présence à la vie que je ne m’étais jamais permise. L’âge, la maturité, un rubicond de plus que j’aurais franchi, une frontière que j’ai démise, un mur que j’aurais fait tomber ? Me concernant, concernant ce parcours du combattant, j’évite souvent et surtout d’exprimer mon allégresse et mon énergie retrouvée, parce que je sais qu’inéluctablement elle arrive pour faire face à d’autres tourments, d’autres vérités, et d’autres traumatismes d’enfant. Néanmoins, j’en profite, je profite d’être en contact avec moi, avec la petite fille, l’adolescente, la femme que je suis et je m’émerveille de pouvoir encore m’émerveiller malgré tout, d’avoir ainsi pu préserver mon intégrité et mon plaisir et mes désirs. J’ai presque cinquante ans et j’ai le sentiment que pour les choses de l’amour j’en ai quinze, treize, un peu plus un peu moins, en tout cas je découvre et c’est incroyable… Il y a le cérébral, l’intellect, là, tout est sans limite et puis, il y a le réel, la chair, les sentiments et là, tout est plus tangible, fragile, magnifique. « Nous sommes faits d’enfer comme de ciel », nous sommes fait surtout de chair et de pensée, de cœur et de volonté, d’attention, de regard, de poésie et d’injonction, de cadre, d’envie. « J’avance dans l’hiver à force de printemps », c’est un propos du Prince de Ligne, oui. C’est l’automne sur le calendrier et pourtant dans tout mon être en émoi, c’est l’été…