Hier matin, une fois de plus en route vers la vieille ville, j’écoutais en voiture "Pavane pour une infante défunte", il pleuvait un peu… Arrêtée au feu, je regarde distraitement dans mon rétroviseur, la musique du piano tendre et profonde emplissait mon cœur de bonheur, je me suis dit : « C’est un bon jour, tu écoutes ce morceau de Ravel et tu n’es pas triste du tout. » D’un seul coup mon regard fut arrêté par l’image que me renvoyait le petit miroir rectangle, une jeune femme dans la voiture derrière moi se remaquillait les cils d’un geste gracieux. Elle avait une manière si délicate de courber sa main, une façon si calme de tendre son cou, un mouvement presque dansant de porter son corps pour se voir de plus près que j’ai été émue. « Dieu, qu’elle est belle ! », me suis-je dit, « Dieu que les femmes sont belles ! » J’ai redémarré, différente de la minute d’avant, et j’ai continué à regarder avec cet œil là ce qui se passait autour. Cette femme m’avait en un petit balancement tout simple sensibilisée, mon regard est resté ainsi toute la journée et je me suis surprise à être attentive à ce que Guillaume Galienne évoque dans son film, "Guillaume et les garçons à table" : le souffle des femmes, leur gestuelle, leur manière d’être dans l’espace, le jeu de leurs prunelles, leurs sourires, leur tendresse, la sensualité de certains de leurs gestes. Dans mon métier, j'en croise beaucoup. Je me suis régalée. Les femmes, sans forcément en avoir conscience sont emplies de beauté…