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Le Dîner

Publié le 20 novembre 2014 par Elosya @elosyaviavia

Un air de famille

Hello, every tutti !

Aujourd’hui, je me livre à une petite expérience d’écriture.

Pour mon cours de théâtre, nous avions un thème imposé (que je ne vous révèle pas encore). J’ai laissé mon imagination débordée et j’ai pondu l’histoire que vous allez lire ci-dessous.

J’espère que ça vous plaira.

Toutes ressemblances avec des situations ou des personnes existantes, ne serait absolument pas fortuite ah ah

(Dîner de famille, la jeune femme murmure à l’oreille de son compagnon, elle s’essuie la bouche, se lève et s’éclaircit la voix)

Bon, je profite de ce petit moment de latence entre le fromage et le dessert pour vous dire que j’ai quelque chose à vous annoncer.

Alors pour être claire, j’ai écrit mon petit discours donc j’espère que vous serez à l’écoute et que vous n’allez pas m’interrompre hein. Merci.

Maman, je te vois !

T’es toute surexcitée, mais je préfère te prévenir. Non, je ne suis pas enceinte, non on ne va pas se marier (enfin pas tout de suite) et non je ne vais changer de boulot.

Voilà, ça s’est dit, maintenant je peux me lancer.

Papa, Maman, Tantine, Tonton, Cousine, Les Jumeaux, Carole et Isabelle mes belles soeurs préférées, les enfants, Jean Louis…je cite Jean Louis pour la forme, mais il est déjà au courant de ce que je vais dire.

Donc aujourd’hui en accord avec moi et moi-même, je vous annonce solennellement que je suis féministe.

Voilà.

Ok, les parents, vous allez l’air encore plus angoissés.

Je vais vous expliquer, mais pas d’inquiétudes, tout va bien.

Déjà, je veux juste vous préciser que je suis féministe depuis plusieurs années. Enfin disons, que j’en ai vraiment pris conscience depuis pas mal d’années. Je saurais pas expliquer, mon évolution, mais j’en suis arrivée rapidement à la conclusion que j’étais féministe tout simplement. Enfin simplement pour moi, mais quand j’ai commencé à me positionner et à partager un peu,

Juste un peu

de mes idées, c’est là que ça a commencé à sentir le sapin. Parce que l’on s’est rapidement et de manière récurrente foutu de ma gueule. J’en ai eu marre d’avoir au mieux des rires, de l’humour, au pire de l’agressivité ou du mépris quand j’en parlais. Mais maintenant, c’est fini je n’ai plus peur de le dire. Du coup, pour éviter tout de suite la lourdeur de certains ici. Oui je vous connais, je précise que je m’engage en tant que féministe : à ne pas castrer tous les hommes de la famille,

je m’engage à ne pas laisser mon système pileux se développer de manière exponentielle  (enfin petit aparté c’est déjà le cas en fait hi hi, ok vous ne riez pas).

Je n’ai pas prévu de faire la guerre aux hommes. J’ai juste envie de vous dire que l’on peut-être féministe sans être un extrême.

Voila. Bon. Alors. Je vous en parle solennellement aujourd’hui parce que je suis devenu la porte parole d’une asso féministe, par conséquent vous allez me voir à la télé, dans les journaux et à la radio et je préfère vous prévenir.

J’en parle aussi car je voudrais vous remercier parce que c’est aussi grâce à vous que j’en suis arrivée là.

Oui, vous, toute la famille sans exception.

Papa : par tes histoires récurrentes que tu partages avec tes collègues et que tu partages ensuite avec entrain avec nous. Comme celle portant sur telle collègue femme, qui a eu une promotion et que c’est sûrement pas grâce à son talent professionnel qu’elle a eu ça. Non. Non. Ensuite tu ris et tu cries “la promotion canapé a du bien fonctionné” ah ah forcément.

Sauf quand tu nous parles de tes collègues moches et que là tu comprends pas comment telle laideron a pu accéder à un poste à responsabilités. Bah Papa, c’est peut-être juste parce que c’est une personne impliquée et sérieuse dans son travail. Qui c’est ?

Maman : t’entendre régulièrement critiquer la voisine. Parce que tu croises plus souvent le papa à la sortie de l’école et que pour toi, c’est un problème qu’elle rentre tard plusieurs fois dans la semaine, ok elle a un boulot prenant, mais qu’est ce qu’ils vont devenir les enfants ? Alors que quand leur père était hyper pris dans son ancien job et qu’il rentrait à des heures indues et qu’il voyait à peine voire pas du tout ses mômes le soir et le weekend. C’était pas grave pour toi, parce que c’était normal.

Toi frérot quand je te vois protester mollement quand Carole s’énerve à propos de la crèche. Tu es à 15 min à pied de la crèche, Carole est à 45min/1heure en bagnole. Quand la crèche l’appelle (systématiquement alors que vous aviez donné l’info de ta proximité géographique) pour récupérer la petite en urgence, ça te fait rire et puis comme tu le dis si bien, de toute façon Carole, elle doit certainement pas avoir autant de boulot que toi donc c’est normal.

Toi frérot, quand tu as critiqué la réaction de ta pote Chantal suite à une agression. Tu te souviens pas, bah je vais te rafraîchir la mémoire. Elle était dans la rue, un mec l’aborde de manière abrupte, elle l’a fermement remis à sa place, mais le gars s’est énervé et la traiter de pute et de tous les noms, parce qu’elle ne voulait pas lui laisser son numéro. Tu te souviens Pas ? Non ? Tu as rigolé, parce que merde les filles, elles râlent quand elles se font draguer.  Et tes réflexions sur les tenues de Chantal, qu’il fallait pas qu’elle s’étonne de se faire emmerder alors qu’elle porte des jupes, des bottes et qu’elle se maquille.

Tantine, toi la soixante-huitarde survoltée, qui a bataillé pour ton indépendance de femme et pour l’indépendance des autres femmes.

Toi Tonton, qui l’a toujours suivi dans tous ses combats féministes, faisant fi des remarques parfois désobligeantes des gens te demandant ce que ça faisait d’avoir une femme qui porte la culotte.

Toi cousine qui continue vaillamment le combat de ta mère.

Merci Jean Louis, j’ai pas besoin d’en dire plus. Jean Louis sait pourquoi.

Donc voilà maintenant vous êtes prévenus, je vais poursuivre ma route féministe de manière accrue. C’est à dire que je vais m’atteler à faire avancer les mentalités sur le harcèlement de rue, sur les inégalités salariales, sur la mysogynie, sur le fait qu’une femme qui s’affirment n’est pas une castratrice, mais juste une personne qui s’affirme, que je suis parfois sur les nerfs, mais que cela n’a rien à voir avec mes règles.

Là je vous ai fait une petite fin où je me la joue à la Martin Luther King.

Je rêve du jour où on entendra plus Eric Zemmour nous dire que d’Hélène et les Garçons, THE sitcom sirupeuse des années 90, est responsables du fait de faire devenir des hommes, des femmes et surtout des deuxièmes mères.

Je rêve du jour où je n’entendrais plus les candidats de Koh Lanta qui après avoir viré toutes les filles, dire que c’est dommage qu’elles soient toutes parties parce que zut quoi, qui va faire le riz maintenant ?

Je rêve du jour où on parlera de fémimixtes, que les hommes seront totalement intégrés au mouvement féministe et plus rejetés parce que selon certains et/ou certaines des hommes n’ont rien à faire dans la lutte féministe.

Je rêve du jour où certaines personnes comprendront que le féminisme est souvent présenté avec beaucoup de clichés. Et qu’il existent plusieurs versions du féminisme. Moi je suis féministe, je ne me pose pas en modèle de femme. Je suis gourmande, dynamique, affirmée, intelligente, parfois sûre de moi, parfois en plein doute. Je veux des enfants, je porte du rose, il m’arrive de faire la cuisine, le ménage (bon là je dois être honnête, je suis la bordélique de la maison). Pour résumer, je suis féministe, mais je ne me réduis pas qu’à cela. En fait, au final je me juge plutôt humaniste, parce que y a des combats à proprement parler qui concernent plutôt les femmes, mais en fait je prends position pour l’humain, pour le respect de l’humain et du coup mon féminisme rentre là dedans.

Voilà, voilà, sur ses bons mots, je vous propose que l’on discute de mon féminisme et de pleins d’autres choses autour du dessert.


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