30.01.2008
Que les amoureux du dיpaysement, de la dיcouverte osent s'aventurer sur les traces d'un explorateur au pays des « eaux vives », des myrtilles, du sirop d'יrable, et de l'יlan ! De ce vaste territoire nordique aux hivers rigoureux qui font gיmir les arbres, craquer l'יcorce du bouleau et au printemps pleurer l'יrable, l'יtי indien, synonyme de douceur de vivre, reste l'image touristique consacrיe du Canada et en particulier du Quיbec.
Un parcours de marin avec simplement le souffle d' Eole (Dieu du vent) pour aide a de quoi dיcontenancer le voyageur prיoccupי par le chemin le plus court : l'apparente ligne droite ! Souvent il faut « tirer des bords » , louvoyer, jouer comme un rusי renard avec les contraintes du moteur renouvelable que reprיsente la force de l'air ...
Ainsi l'aventure au travers de la « Nouvelle France » en compagnie de Champlain prendra ce cheminement apparemment « cahotique » א dיfaut de pas trop « catholique » , un avancement fait de retours en arriטre . L'amateur d'histoire officielle habituי par la chronologie rigoureuse des dates, ne trouvera pas son bonheur dans ce parcours « sauvage » א l'image de l'environnement naturel du Canada. Des articles plus acadיmiques et souvent rיpיtitifs, sont consultables sur la grande « Toile du Net ». Il suffit pour les piיger de dompter une grosse araignיe mondiale, type migale, baptisיe « GOOGLE ».....
Ici est l'espace libre de l' aventurier, explorateur, dיfricheur des grands espaces, un brin ethnologue...Soucieux de conserver ses souvenirs et d'une transmission tיmoignage par le seul procיdי disponible א l'יpoque style carnet « fourre-tout » Objectif: fixer l'instant prיsent : transcrire , commenter, dessiner, colorier, peindre, dיtailler les choses de la vie . Pour cela Samuel Champlain reprיsente un des « pטres » du carnet de voyage . ( Le prochain יpisode y sera plus prיcisיment consacrי )
La forךt canadienne est une grande famille qui au hasard des terroirs mיlange les populations aux multiples couleurs et diversitי : Sombres rיgiments de pins, sapins baumier, mיlטzes, aube blanche des chandelles de bouleaux, peupliers, trembles, יrables, rougeurs timides de merisiers frisיs, fourrיs d' aulnes et de viornes, cornouillers sanguins ,buissons d'airelles et « Bluets » ou raisin des bois en tapis de sol (myrtilles).
Le sol forestier est propice א la survie d'espטces comme l'orignal (l'יlan du Canada) par les mousses qui y prolifטrent lorsque autres fougטres et יpinettes vont tendre leurs piטges touffus dans des zones propices...
Les Amיrindiensles plus coopיrants dטs les premiטres explorations, apprennent auxcolons l'existence de cette douce liqueur: "l'eau d'יrable" aux vertus apיritives. « Le temps des sucres » suit le rythme de la tempיrature. Il faut attendre que la neige commence א fondre et les arbres, א dיgeler sous le soleil. La sטve commence alors א circuler dans l'יrable et c'est alors le temps du cycle de rיcolte par entaillage de l'יcorce. Une autre utilisation moins connue יtait la production de vinaigre l'eau d'יrable יtait seulement exposיe א la chaleur du soleil d'יtי pour devenir acide.
A cette יpoque faute d'ustensiles aptes א faire bouillir les liquides, la transformation en sirop est inconnue pour les indiens. Seule une pratique empirique leur permet l' augmentation de la teneur en sucre de la sטve d'יrable : par le phיnomטne gel /dיgelgrגce aux «coups de pouce de la nature » sיvissant avec la rigoureuse saison hivernale. Les premiers colons eurent tout loisir ultיrieurement d'en tirer la «substantifique moelle » par leur expיrience de la montיe en tempיrature et de contrפle de l'יbullition. Seule la possession d'ustensiles en fer blanc, chaudiטre et bouilloire, mettra en vogue la production de sirop plus ou moins clair( synonyme de grande qualitי) , de « tires » sirop d'יrable coulי et gיlifiי sur des lits de neige, ou en sucre. Suivant les pratiques des indigטnes א cette יpoque de colonisation du XVII, le sucre d'יrable יtait plus utilisי א des fins mיdicales que gastronomiques. Ce sucre montrait son efficacitי envers les affections types: rhumes, maux de gorge et autres refroidissements bיnins …
"cabane א sucre" ( inspiration issue d'un clichי de Gaetan Bourque)
Jusqu'au XVIII ce dernier produit יtait en vogue jusqu'א la construction de certains יdifices qui vinrent peupler les espaces en sous bois en particulier dans les יrabliטres . Ces constructions de bois en rondins ( au mךme titre que leurs cousines les cabanes de trappeurs ) furent dיnommיes « cabane א sucre ».Leur amיnagement sommaire vouי plus א la fonction comprenait au minimum un poךle א bois, une grosse bouilloire « fait maison » quelques ustensiles , rיcipients , barriques et le strict nיcessaire pour le confort dutransformateur qui vivait sur place pour la saison de production…
la faune cynיgיtique compte outre l'orignal d'autres animaux au sabot ongulי:caribou des bois, mouflonchevreuil et cerf. Dans la famille aux « grandes dents » carnassiטres:loup, renard roux, l'ours noir, le grison (ou grizzly) en montagne, lynx, porc-יpic et diverses belettes comme le putois, la martre, la loutre. Dans la tribu des bondissants rongeurs:liטvres, יcureuils, rat musquי et castor, cיlטbre chef de chantier des digues et barrages en eau courante.
Toute cette faune f�t le principal motif d'implantation et de survie des populations indigטnes amיrindiennes.
Tous les Indiens ne sont pas chasseurs, car leur bassin d'implantation en est l'arbitre. Pour des raisons logiques et pratiques les tribus sous le couvert forestier ne pratiquent pas la chasse א l'arc rendue impossible par les nombreux obstacles .Les indigטnes des bois par la force des choses sont des trappeurs professionnels, formיs dטs le plus jeune גge א l'art de piיger bךtes א fourrures et autres animaux de moindre qualitי monיtaire pour leur alimentation et leur protection corporelle. Leur survie יtait א ce prix ! Je vois poindre les froncements de sourcils chez les personnes hostiles א ces usages modernes synonymes de moeurs barbares; Je rappelerai simplement, sans prendre parti pour un thטme sensible et « chaud » ( dans le monde de la fourrure rien d'anormal !)que ces pratiques א connotation « sauvage » sont l'hיritage de la « colonisation » et de la notion qui l'accompagne : faire du profit א outrance sur le « dos des autres », en l' occurence avec les peaux ! Les simples indigטnes par leur sagesse naturelle savaient prיlever le taux nיcessaire א leur besoin ...avant l'arrivיe vers 1630 des premiers colons dיfricheurs, des seigneurs des places dיcouvertes, et « coureurs des bois » , pas d'exactions dans ce domaine... Mais l'appגt du gain chez les traiteurs et les accoutumances grandissantes envers « l'eau de feu »(eau de vie que proposaient en יchange aux indigטnes les nיgociants colonisateurs, produit qui « mit le feu » par ses ravages chez des autochtones א la couleur de peau « enflammיe ».)
Au sceptique, je ferai dיcouvrir ( א dיfaut de tךte ) que c'est justement la mode du couvre-chef , rיpandue alors dans nos pays continentaux, « chapeautיs» par l'Europe moderne, qui a provoquי la folie destructrice envers les colonies de castors . Leur peau trיs convoitיe dans le monde des chappeliers יtait le matיriau le plus apte א la mise en forme des chapeaux de l'יpoque du XVII au XIX : calot , bicorne de marine, tricorne, chapeau clיrical, haut de forme... etc
De races algonquines ou athapascanes, Montagnais du Saint-Laurent, Ojibways ,Micmac, Huronnes ou Iroquoises aux moeurs plus belliqueuses ces Indiens des bois ont des modes de vie semblables en harmonie avec les rythmes de le nature et des saisons, les rigueurs climatiques, les comportements et les habitudes de la faune sauvage
Lorsque la belle saison se termine la montagne dresse fiטrement sa chevelure flamboyante d'יrables et de merisiers. Les collines arrondissent leur croupe face aux rives du fleuve st Laurent, et baissent le front contre les prיmices des vents hurlants venant de l'ocיan.... De toutes les perturbations atmosphיriques celles que les premiers explorateurs eurent א subir le plus furent les vagues de froid, accompagnיes gיnיralement d'un vent glacial et sec, le blizzard .Cette « poudrerie » qui soulטve la neige comme le simoun saharien soulטve le sable du dיsert. Le thermomטtre peut se geler les pieds lors d'une chute libre au niveau le plus bas : 20 א 30 degrיs en moins dans l'espace d'une journיe.
" Poudrerie " ( Clichי de Gwen )
Changement de temps est synonyme de dominante pour d'autres couleurs :De ces taches rosיes rouges et vert de gris , dues aux lichens et mousses qui lטchent le socle rocheux elles prennent leur cape gris bleu et ardoise א l'approche des messagers filandreux venant du « Nordet » Ces nuages en tresses de chanvre sale et en lambeaux gris graphite qui se dיchirent aux pointes effilיes des sombres sapiniטres .Le vent impיtueux fait lever avec l'odeur des fougטres mouillיescelle de baume rיsineux des cטdres et du tapis d'aiguilles de conifטres....Champlain avait eu sous les yeux toutes ces couleurs et odeurs dont celles qui s'יchappaient de ces emplacements que les peuples indigטnes utilisaient dans un but de conservation alimentaire en prיvision des jours moins propice א la pךche ou la chasse , relative au fumage...On appelait «boucaniטre» toute cabane ou יchafaudage de bois servant א suspendre le poisson pendant sa fumigation. La plus simple se composait de deux fourches de cinq pieds de hauteur, plantיes en terre et retenant un travers de six ou sept pieds de longueur auquel יtait attachי le poisson. Le feu יtait fait entre les deux fourches sur toute la largeur. Cette «boucaniטre» pouvait avoir un «toit de flטche» fait en יcorce d'יpinette ou de sapin . Ce nom fut donnי aux plus grandes constructions du type hutte avec un trou central laissant s'יchapper la fumיe...
A SUIVRE !
Crיdit photographique des 3 premiers clichיs : Merci א VALERIE pour ses vues de haute qualitי ("Sido" sur site FLICKR )
Autres illustrations : Crיations de votre serviteur