Germaine Ahidjo
Le rapatriement de la dépouille d’Ahmadou Ahidjo, premier président du Cameroun, ne cesse de raviver la polémique au Cameroun. Entre rumeurs et falsifications, chacun va de son propre refrain. Aujourd’hui, sur Radio France Internationale (RFI), Germaine Ahidjo, bientôt 83 ans, son épouse, a donné une interview. Mort en exil à Dakar au Sénégal le 30 novembre 1989, l’ancien président camerounais Ahmadou Ahidjo reste une énigme pour les Camerounais. Carine Frenk, journaliste de RFI, est allée à la rencontre de Germaine Ahidjo, sa veuve.
Petit trac-back:
« Nous, sa famille, c’est-à-dire moi et ses enfants, nous sommes toujours là auprès de lui pour garder, en fait, le patrimoine camerounais. Moi, j’attends qu’on réhabilite mon mari. J’ai entendu dire au Cameroun que je ne voulais pas rendre le corps de mon mari. Ce n’est pas que je ne voulais pas le rendre. J’ai dit que je voudrais qu’on le réhabilite et que je le ramène officiellement avec sa dignité et son honneur. C’est tout ce que je demande. C’est tout ce que j’ai demandé.[…] Je n’ai pas entendu dire que Biya avait gracié Ahidjo, parce que c’est Biya qui avait condamné Ahidjo. Lui, à qui on a donné le pouvoir. Pourquoi ? Il y avait certainement de la rancune derrière, il y avait certainement de la jalousie. Il y avait… Je ne sais pas… »
En réalité, il y a dans cette affaire, quelque chose comme une odeur, quelque chose d’incorrecte, quelque chose qui frise la falsification. Il est important de rétablir la vérité sans toutefois apporter un quelconque soutien au pouvoir de Yaoundé… Mme Ahidjo avoue que le pouvoir de Yaoundé n’est pas contre le retour des restes du premier président camerounais. Mais alors, pourquoi le rapatriement n’a pas encore eu lieu ? Simplement parce que la famille joue dans la surenchère. Selon la Loi 91/022 du 16 décembre 1991, Amadou Ahidjo a bel et bien été réhabilité. Pour sa famille, notamment pour sa veuve et sa fille aîné Babette, il y a quiproquo.
Que dit cette loi consultable ICI ?
La famille Ahidjo veut simplement qu’une loi d’exception soit votée au Cameroun. Elle refuse d’être associée aux autres Grands Hommes du Cameroun, en l’occurrence Ernest Ouandié, Ruben Um Nyobè et Félix Moumié. Elle veut qu’un décret présidentiel accompagne le retour du corps du premier président camerounais. Elle ne souhaite donc pas que le corps soit rapatrié dans l’anonymat et exige que ça se fasse avec tambours et trompettes. Germaine Ahidjo l’avoue mais, refuse de dire que son époux a été bel et bien lié au coup d’Etat avorté du 6 avril 1984. N’avait-il pas déclaré ceci: « Si ce sont mes partisans, ils auront le dessus » pendant le déroulement du putsch avorté ?
Cette loi s’accole à la grâce du 10 août 1990 et par conséquent, demander que la mémoire de son mari soit honorée et tutti quanti est une imposture et une incongruité. Le Gouvernement camerounais n’a pas à négocier. C’est la famille Ahidjo qui doit faire la demande de retour du corps. Germaine Ahidjo n’a jamais été condamné par aucun tribunal au Cameroun et il n’est pas interdit aux Ahidjo de rentrer au Cameroun. Il y a sur place, deux Ahidjo: Aminatou et Mohamadou Ahidjo. Elle met des conditions pour rentrer au Cameroun. C’est son droit mais elle ne dit pas toute la vérité…