Château de Boesinghe, 27 novembre 1914
Ma bonne Cécile,
Le vaguemestre n’est pas encore revenu de sorte que je ne sais pas si j’aurais quelque chose ce matin, mais je te l'ai dit dans ma lettre d'hier, en arrivant de Dunkerque j'en ai trouvé deux de toi, la dernière en date du 16, 2 cartes de Robert et l’Est Républicain.
Je revenais content de mon voyage, car les routes sont réparés et n’était pas encore encombrées de sorte que le pays étant plat comme une assiette, nous filions avec une vitesse vertigineuse. La route est belle, on longe de Boesinghe à Dunkerque, la route de Furnes l’armée (?) belge, puis le canal de Furnes à Dunkerque et très longtemps aussi, à droite en allant à Dunkerque les dunes en en montagne qui nous séparaient de la mer en allant à Blankenberghe.
Il faisait un peu froid dans l’automobile, des routes défoncées nous ont obligé à faire le tour par Ypres que j’ai trouvé un peu plus délabrée, mais les journaux exagèrent, les halles ni la cathédrale n’ont pas été incendiées.
Dunkerque est très animé, beaucoup d’anglais et d’officiers belges, qui paraissait avoir la vie heureuse, ils ont presque tous chacun leur chacune. C’est malheureux sont un peu comme les autres, traquées où la vie est possible pour elles.
Je n’ai pu voir qu’une partie du port, qui ressemble à un canal qui s’avance dans les terres, pour voir la pleine mer il faut faire un trajet de 25’ et je n’en avais pas le temps. J’ai été invité à coucher chez un parent de colonel de Lobit, pour lequel j’avais une lettre, il était temps car je n’avais pu trouver une chambre nul part, toutes étaient prises.
C’est une assez jolie ville, aux rues étroites, je croyais la trouver fournie en marchandises, mais je n’ai pu trouver un paquet de macaroni, les pêcheurs ne peuvent plus naviguer la nuit à cause des mines, de sorte que l’on ne trouve plus de poisson. J’ai néanmoins pu trouver quelques soles et j’ai été fêté à ma rentrée. L’automobile était pleine de marchandises quand même, puisque je devais rapporter jusqu’à des oignions. J’ai pu dénicher des boîtes de conserves de pois, du jambon et dans un petite épicerie de rien du tout des “genoux” tu sais de ces pâtes, le marchand lui-même l’ignorait et croyait que c’était du tapioca.
J’ai pu mener mon affaire à bien et revenir sans encombre, nous avons profité de l’arrêt d’un tir, pour passer en vitesse sur le pont de la ville, nous n’avons pas reçu un seul coup de canon.
Ce petit voyage a apporté une légère diversion à une villégiature, malgré le bombardement incessant de jour et de nuit on trouve cela monotone et j’arrive même quand nos pièces de 120 tonnent la nuit à faire trembler le château, à ne plus rien entendre, ce qui fait rager Clément qui ne peut fermer l’œil.
C’est cette nuit je crois que l’on va relever le régiment des tranchées, tout le monde en a assez et jouira avec satisfaction d’un repos bien mérité. Je te dirais demain où nous perchons mais que ce soit n’importe où, jamais nous ne tomberons comme ici. Le colonel on a assez aussi, d’autant plus qu’hier les boches nous ont pris une tranchée en profitant d’une inattention et que l’on dut travailler ensuite pour la reprendre. Heureusement pas de blessés. La mauvaise humeur du colonel retomba sur notre conducteur de voiture, chargé d’aller porter au colonel à 3/4 heure d’ici le repas du soir, en arrivant à hauteur de la masure du colonel la sentinelle arrête notre conducteur, celui-ci au lieu de répondre au mot d’ordre de la sentinelle répondit : « cuistot du colo ». Je n’avais pas vu dans l’ombre le colonel qui faisait les 100 pas et qui lui dit : en voilà une façon d’exécuter les consignes !! Et si vous aviez reçu une balle de la sentinelle ? notre homme est revenu tout baba, il n’a pas encore compris.
À part cela rien de neuf. À Dunkerque j’ai rencontré, je te l’ai dit un officier qui m’a annoncé notre départ d’ici, probablement pour l’Est, je ne sais quelle créance ajouter à cela.
On nous annonce une nouvelle victoire russe, j'attends les détails.
A demain ma chérie. Je t'embrasse bien fort. Ton tout à toi
J.Druesne
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27 novembre 1914 (JMO du 37e RI)
Le Commandant du 2e bataillon résista courageusement avec une portion de son bataillon dans la Forge. La 12 e compagnie avait d'abord été mise à la disposition du capitaine de la 8e pour reprendre la maison persue la veille. Elle attaqua à 4 h du matin et échoua. Le sous-lieutenant Meutral commandant la compagnie fut tué. La 10e compagnie sous les ordres du Capitaine Chasles fut chargée de faire un moiuvement le long du ruisseau pour prendre les occupants de la maison perdue la veille par la droite. Le mouvement ne réussit pas. Une dernière tentative de la 9e pour la reprendre de front ne réussit pas davantage. Les pertes pendant ce combat furent les suivantes:
officiers tués: Lieutenant Bebard, Lieutenant Bureau, sous-lieutenant Meutral; officiers blessés: Commandant Javelier, Lieutenant Koch, sous-Lieutenant Bullet; officiers disparus: sous lieutenant Lieffroy, sous lieutenant Devert.
Dans la troupe: 26 tués, 63 blessés, 122 disparus.
Le régiment fut relevé dans la nuit du 27 au 28 novembre par le 26e.