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Le petit chien

Publié le 24 décembre 2014 par Corboland78

Il pleuvait régulièrement depuis le cœur de la nuit, le petit chien ne réalisait pas ce que cela induisait. Le matin quand l’envie de pisser l’a pris, il l’a bien fait comprendre à son maître en s’agitant devant la porte.

Le vieil homme a soupiré, jeté un œil par la fenêtre et soupiré plus fort encore. Sans un mot il s’est levé de son fauteuil, s’est habillé chaudement, mis sa casquette. Le petit chien frétillait de plus en plus vivement, lâchant des jappements d’impatience. Du placard proche de la porte, le vieil homme a tiré le vêtement d’hiver du petit chien et sa laisse. Le petit chien n’en pouvait plus de joie. Mi-amusé, mi-agacé, le vieil homme s’est escrimé à enfiler le manteau en laine rouge au petit chien.

L’homme et le chien sont sortis. Le petit chien tirait sur sa laisse, entrainant le vieil homme tassé dans son manteau épais, la tête dans les épaules pour éviter que des gouttes de pluie ne s’infiltrent dans son col. Avec sa grosse casquette irlandaise, on aurait dit un cèpe, poursuivant une chenille rouge, comme dans un conte de Lewis Carroll.

L’équipée n’est allée bien loin. Quelques pas et le petit chien a réalisé qu’il pleuvait à vache qui pisse, il s’est arrêté net. Le vieil homme avait beau tirer sur la laisse, le petit chien freinait des quatre fers obstinément. De ma fenêtre je n’ai pas entendu ce que le vieil homme a dit mais ça ne devait pas être loin de « Avance bourrique ! Tu voulais sortir, nous sommes sortis, alors pisse ou fait ce que tu veux mais grouille toi ! » Le petit chien n’a pas répondu, la tête basse et trempée, le poil dégoulinant d’eau, on le sentait dépité et vexé.

Le vieil homme a tiré sec sur la laisse une nouvelle fois, le petit chien n’a pas résisté, comme un condamné à mort se dirigeant vers la potence sans aucun espoir, il a trottiné vers la haie de buis pour s’abriter tant bien que mal des intempéries, sa patte arrière s’est levé, deux ou trois pas encore, un tour sur lui-même sans regarder son maître, à peine le temps de lâcher ce pourquoi il était venu, il a gratté la terre de ses quatre pattes et il a filé, suivi du vieil homme, vers la porte de l’immeuble.

Avant d’entrer dans l’appartement, le vieil homme a essuyé les pattes du petit chien avec un chiffon qui reste en permanence dans l’entrée, il a retiré ses grosses godasses et fait claquer sa casquette contre sa cuisse pour l’égoutter. Les deux sont rentrés au chaud. Le vieil homme a repris sa place dans son fauteuil, le petit chien a mangé un peu de sa pâtée avant de venir se lover aux pieds de son maître en poussant un long soupir de contentement. Ca sentait un peu le chien mouillé mais le vieil homme était heureux à regarder pleurer le ciel, son petit chien déjà endormi à ses côtés. 


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