Le trente et un

Publié le 31 décembre 2014 par Corboland78

Dernier jour de l’année, réveillon et fiesta toute la nuit pour certains, vous allez vous mettre sur votre trente et un pour épater la galerie. Mais d’où vient l’expression « se mettre sur son trente et un » ?

Honneur aux anciens, j’ai commencé par consulter le Littré : « Familièrement, se mettre sur son trente et un, se vêtir de ses plus beaux habits. L’explication de M. Eman Martin, Courrier de Vaugelas, 1er février 1876, p. 145, paraît la véritable : trente et un étant, à ce jeu (trentain désignant un jeu de cartes) le point qui gagne, on aura dit que se mettre sur son trente et un, c’était mettre ce qu’on avait de plus beau. »

J’aurais pu me contenter de cette explication mais il est rare que je ne demande son avis au Grand qui sait tout. J’ai donc ouvert mon Robert qui reprend la réponse donnée par Littré mais en précisant que d’autres formules, antérieures, ont existé comme « se mettre sur son trente-deux » ou « sur son trente-six ». Pour preuve, dans le Dictionnaire de l’argot de Larchey (1872) cette phrase tirée de Vidal (1833) : « Elle s’était mise sur son trente et un, et je puis vous assurer qu’elle était bien ficelée. » Ou cette autre, empruntée au Journal des frères Goncourt (1885) : « Des bottines vernies !... vous mettez des bottines vernies !... mais vous aurez l’air d’un étudiant sur son trente-deux !... » Et le Grand Robert d’en conclure que l’expression « se mettre sur son trente et un » n’était pas expliquée.

Vous me direz que tout cela est bien beau, mais qu’à cette heure vous avez mille autres préoccupations en têtes, quelle cravate avec quelle chemise, quel bijou avec quelle robe, à moins que l’ouverture des huîtres ne vous angoisse déjà ou que vous constatiez avec amertume qu’il ne vous reste pas assez de champagne dans votre cave pour que votre réveillon soit réussi.

Je n’abuserai donc pas de votre temps précieux et à l’année prochaine si vous le voulez bien !