A perte de vue des murs, de hauts murs couronnés d'ondes électriques, des murs aveugles et invisibles. A perte de vue des foules denses allant et venant d'un mur à l'autre, bousculées, remisées, déboussolées. Troupes assemblées ponctuellement autour du fanal, qui de sa langue régionale, qui de la couleur de sa peau, qui de l'exil auquel l'a contraint le désert et l'idéologie, qui de la cité d'où on ne sort que pour subir le contrôle identitaire, qui d'un improbable Bon Dieu disséqué par les docteurs de la foi, qui de la peur fauve, qui de son reflet dans la vitre blindée des guichets, qui du nulle part où on l'assigne à figurer... Qui de ses origines ... Qui du vieux monde a fait un dépôt d'antiques. A perte de vue des murs, de hauts murs couronnés de ces ondes dont nous faisons grandes consommation psychiatrique.
Qui connaît le code secret au sein duquel chacun de nous est l'issue de secours, la porte dérobée au regard de qui nous impose les cauchemars de son enfance évidée ? Qui de l'entier de ce que nous sommes ensemble fera une tour du haut de laquelle les murs ne seront plus que de mauvais souvenirs d'une ombre où nos lâchetés avaient la vie belle.