Les sans-dents ont des prétentions

Il a fait bien frisquet la semaine dernière aussi avais-je garni au mieux les mangeoires disposées sur mon balcon pour les petits oiseaux. Restaurant ouvert tous les jours et sans interruption, je m’attendais à un afflux massif d’affamés, genre Restos du Cœur en décembre.

J’en ai été pour mes frais. Il est vrai que depuis deux ans, les bandes de mésanges qui investissaient ma loggia aux frimas ont fondu comme neige au soleil. Soit, les bestioles sont mortes, soit, la présence agaçante des pies qui font régner leur ordre quasi militaire a effarouché mes jolis oiseaux, les dissuadant de voleter dans le secteur. Toujours est-il qu’il ne subsiste qu’un couple ou deux de ces charmants passereaux, à venir se sustenter dans mes auges.

Grosse déception. De plus, j’ai l’impression très nette que les piafs deviennent de plus en plus difficiles sur les menus proposés. Jadis, il y a deux ans tout au plus, l’assortiment de graines leur convenait parfaitement. Désormais, dans ce même assortiment, ils ne bouffent que les graines de tournesol et dédaignent le reste. Les sans-dents ont des prétentions qui commencent à m’exaspérer.    

La mésange snobinarde ne va peut-être pas faire la maligne longtemps encore. Le coup de froid n’a duré qu’une semaine et l’hiver ne fait que débuter. Attendons février et éventuellement la neige, rira bien qui rira le dernier, des oiseaux jaune et bleu faisant leur chochotte devant mes mangeoires ou de moi, calé bien au chaud dans mon canapé à les observer derrière mes rideaux.