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Attentat Charlie

Publié le 10 janvier 2015 par Observatoiredumensonge

Ce qui ne veut pas dire que nous approuvons.

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   Attentat Charlie  

Par Patrice Laumé

Janvier 2015 – Brumes d’hiver – Paris – LOTERIES MORTELLES

Perdu dans mes pensées encore endolories par les vapeurs des fêtes de fin d’année forcément obligatoires je pars pour une journée de travail supplémentaire dont je m’interroge une fois de plus sur le sens. Mon esprit se reflète sur les vitres ouvertes des boutiques aux reflets d’un morne temps qui inondent la rue tandis qu’arrêté à l’une de celles-ci aux portes des comiques en dessin je sens une odeur de poudre qui me transporte et me soulève face contre terre.

A l’image de ces « snipers » serbo-croate/croato-serbe ou autres Syriens qui tuaient et tuent dans l’indifférence mondiale je me demande qui vient de me frapper et pour quelle cause? Par quel cruel calcul de probabilité, anonyme que je suis, je me retrouve en train de mourir! Etait-ce de la poudre échappée d’une kalachnikov enflammée, était-ce l’odeur d’un gaz sarin qui m’apparaissait si loin…

Dans les voiles de ma torpeur j’aperçois tous ces gens qui courent et hurlent. Combien d’électeurs du front national qui attise les haines parmi toutes ces personnes qui, dans un même élan, ne pensent qu’à s’aider tant bien que mal. J’aimerai crier moi aussi mais aucun son ne sort, pas même un soupir. Ma tête heurte des corps mutilés. Je ne suis plus rien. Je ne suis pas seul pourtant, plein d’autres sont allongés près de moi.

Pion, je ne suis qu’un pion parmi l’échiquier des intérêts de la planète. Combien de fois ai-je regardé, désespéré, ces sinistres émanations des « camps de la mort » rouverts au grand jour des purifications de Daesch, nouveau relent putride d’une religion dévoyée pour qui veut y croire. Est-ce à son tour un de ces pions qui s’est vengé de mon incapacité à réagir? Goût de sang dans la bouche je repense à cette Syrie enfermée sur elle-même dont on ne soulève un voile du Niquab que pour la regarder agonir entre un islamisme extrémiste et un gouvernement alaouite qui a oublié depuis longtemps le sens commun pour favoriser le terreau de l’extrême … Est-ce eux qui, en me coupant les jambes ont voulu me rappeler le sens de la démocratie? Ont-ils nourrit chez mon voisin un jihad d’ignorance ? Car je le sens vaguement, on m’ampute de mon humanité et de mes rêves sur ce trottoir sans âme. Fais un effort, ouvre un peu les yeux… me dis-je en voyant à travers mes paupières mi-closes le gras officiel de la politique venu verser des larmes électorales sur le petit pion que je suis.

Tout devient plus flou à l’image d’un micro venu recueillir mon dernier souffle pour me vomir au 20h d’une France qui croit s’informer…

Pions que nous sommes. Il y a un instant je n’étais qu’un pion et tout à coup je suis un homme qui meurt. Pour l’indépendance de quelles idées?…Où sont les miennes?… J’accompagne les humanités de dessinateurs qui ont arboré jusqu’au bout leurs convictions. Un dernier souffle et je m’entends rire du bizarre de la scène. Pour un instant, pour un pas dans une rue, pour une mort, je viens de gagner la vedette des informations… Quelle loterie la vie… Quelle vie?… Au fait, je la quitte…

Combien de morts par des malades sanguinaires pour se rappeler la valeur de la démocratie et de la laïcité et l’importance de la culture ? Est-ce là le choc des civilisations non soluble dans la démocratie que je croyais universelle ?

A la loterie de la vie le pion est devenu fou à en mourir.

Patrice Laumé

*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur*** 

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