Dimanche 11 janvier, il est 13:00. Je remonte la rue des Pyrénées vers le lieu de rendez-vous fixé par des amis avant de rejoindre le parcours de la marche.
Je ne porte pas encore le dossard (ventrard ?) JSC format A4 que je réserve pour tout à l’heure, dans le défilé. Juste un badge bricolé que je n’ai pas quitté depuis jeudi, épinglé à la pochette de poitrine de ma parka d’où dépassent quelques beaux crayons à papier choisis avec soin pour l'occasion.
Qu’est-ce qu’il fait beau ! Les rues sont encore vides, les véhicules de secours de la Croix-Rouge se mettent tranquillement en place.
Un grand type descend la rue face à moi. On va se croiser, il aperçoit mes insignes, je souris, mais ça ne se passe pas du tout comme je pensais... Pas vraiment menaçant, mais sévère et imposant, il m’arrête pour me sermonner :
— Y’a pas que Charlie, Madame, moi ça me fait gerber ce slogan, ça me met en colère, je suis pas d’accord.
Loin, très loin d’être une polémiste aguerrie, là, je ne pouvais pas reculer et refuser l’affrontement. Avant d’avoir prononcé un mot, j’affichais aux yeux de tous ce que mon contradicteur pensait être mon opinion, toutes mes opinions.