Magazine Journal intime

De la république à la nation

Publié le 13 janvier 2015 par Stella
Au nom de la liberté et de la fraternité

Au nom de la liberté et de la fraternité

C'était une journée fantastique, extra-ordinaire au plein sens du terme.

Je suis rentrée d'Australie le samedi matin, un peu désorientée et passablement fatiguée, notamment parce que mon avion avait deux heures de retard au départ d'Abu Dhabi - bourgade émiratie dont l'aéroport est, fort heureusement, doté de sortes de chaises-longues sur lesquelles j'ai pu, par intermittence, m'endormir par tranches de vingt minutes.

Il n'était évidemment pas question que je ne participe pas à cette "marche républicaine", dont on peut évidemment dire du mal notamment à cause de la présence, en tête de cortège, d'hommes politiques contestés et contestables... mais dont j'ai envie de dire du bien. Le plus grand bien, même. Je ne peux, hélas, trouver des mots différents de ceux qui ont été déjà prononcés, publiquement ou en privé, par tous ceux qui étaient là dimanche, mais qu'importe, finalement. Mes deux millions de compatriotes et moi-même, nous avons tenté de marcher de la place de la République à celle de la Nation (quels symboles !), hors bannières politiques ou militantes, pour de multiples raisons. Nous voulions exprimer notre compassion envers les familles des victimes et aussi envers nous-mêmes, car il nous est apparu brutalement que ces dessinateurs, Cabu et Wolinski en tout cas pour ma génération, nous avaient accompagnés sans faillir ces... quarante dernières années ! Nous avons voulu affirmer notre attachement à la république et montrer que nous étions aussi, dans notre diversité, une véritable nation. D'où le titre de cette note, que j'ai volontairement écris sans majuscules... Nous avons aussi réalisé à quel point les policiers faisaient un métier difficile et dangereux. Les CRS ont été applaudis... N'est-ce pas incroyable ? Cela prouve bien qu'au fond de nous, nous savons la valeur de ce qu'est un "gardien de la paix", au sens fort de ce terme. Ce qui ne nous empêchera pas, demain ou un autre jour, de les brocarder et de les moquer, parce que nous aimons rire de tout et de tous. Il ne faut jamais se prendre au sérieux...

Deux millions de personnes rassemblées dans Paris et pas un seul incident, parce qu'il n'y avait pas de revendication, il n'y avait que le désir de dire - entre autres - combien précieuse est pour nous la fraternité.

Car nous avons fraternisé. Jeunes, vieux, grands, petits, moches, beaux, bruns, blonds... Tous nous avons partagé un moment hors du temps. J'avoue moi aussi et comme tout le monde n'avoir jamais connu cela. Mes photos peinent à rendre la densité de la foule, parce que je les ai prises avec mon téléphone portable et qu'il m'aurait fallu un hélicoptère pour donner toute la mesure de ce rassemblement. L'ambiance était faite à la fois de tristesse, de douceur, de chaleur et d'un certain mécontentement. Car, même s'il n'y avait pas de mot d'ordre, tous nous avions un mot en tête : NON.

Non à la violence et non à la peur. Non au racisme, à l'antisémitisme, à la xénophobie. Non au terrorisme, à la menace. Non à la bêtise.

Oui à la liberté. Oui à la diversité. Oui à l'humanité.

Les uns et les autres, en tous sens, juste pour partager un instant commun.

Les uns et les autres, en tous sens, juste pour partager un instant commun.

J'ai abandonné la marche au niveau du boulevard Richard-Lenoir, épuisée par le manque de sommeil et le décalage horaire.

Je voudrais remercier ici tous ceux et celles qui m'ont manifesté leur amitié et leur solidarité : vous tous mes amis et lecteurs-lectrices en France, ma chère amie américaine, mon lointain ami haïtien, mes nouveaux amis australiens... Je vous serre tous bien fort dans mes bras !


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