Contrairement à une légende urbaine qui prétend que les arbres restent immobiles, bien ancrés par leurs racines, les arbres marchent. Oh, certes, pas tous. Coincés par des haies, des grillages, des murs, les arbres urbains restent souvent englués dans leur minuscule humus.
Mais dans les forêt, c’est une toute autre histoire. L’arbre y est sauvage. Dès que la nuit tombe et que le badaud bade ailleurs, l’arbre se sort du sol et part danser, valser, tourbillonner, chanter, se torcher le museau, bref une vraie vie de la nuit. Juste avant le lever du jour, les arbres festifs reprennent leur place, comme si de rien n’était. Et le badaud peut revenir bader en forêt, sans se douter de rien.
Sauf que les arbres qui marchent, on peut les repérer et les saluer d’un clin d’œil malicieux : ils comprennent. Pour les reconnaître, il faut regarder leurs branches, toujours en vrac : ils ont couru pour rentrer de leur virée folle alors que le soleil taquine déjà l’écureuil, ils stoppent net sans rien ranger. Des arbres un peu dépenaillés, pas bien habillés, avec la chemise qui sort du pantalon, limite gueule de bois. Ce sont eux, les vrais rois de la forêt.
Photo : Andernos, 17 janvier 2015