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Démence un jour de noces

Publié le 27 janvier 2015 par Kentin Spark @KentinSpark

Il est sur la place de la mairie. Sa vie défile en moins d'une seconde. Il se réveille. Il cherche ses repaires. Il ne reconnaît plus rien. Trou noir, il ne sait plus, il a oublié. Il sort peu à peu de cette brume incompréhensible.

" Bonjour, je suis l'infirmière de service. Vous êtes à l'hôpital. Comment vous sentez-vous ?

- Bon...jour, bien, juste du mal à respirer. Pourquoi je suis ici ? Pourquoi je ne peux plus me bouger ?

- Vous avez était percuté par une voiture.

- Ce n'est pas possible ! Hier, j'étais à la mairie. J'attendais ma future épouse. Après c'était magique. Je planais dans les voiles blancs, un vrai bonheur !

- Sûrement Monsieur, mais le temps est passé. Vous êtes arrivé ici dans le coma, il y a déjà trois jours.

- Vous êtes sûre car je me rappelle de son voile blanc qui virevoltait devant moi, comme si je me baignais dans les nuages.

_ Calmez-vous, je ne peux vous soigner correctement. Voila, c'est fini Monsieur, je repasserais tout à l'heure, reposez-vous. "

Il ne comprends toujours pas. Il est fatigué, ses yeux se ferment.

" Pause café, suivez moi, suivez-moi, je vous l'offre. Ne vous inquiétez pas il dort, tout va bien.

Alors comment vous vous sentez ? Ce n'est pas facile, mais il faut tenir pour lui, il a besoin de vous.

_ Oui je le sais bien, madame, c'est mon ami d'enfance. C'est tellement dur, cette douleur, cette souffrance qui me gagne comme la gangrène. Ma vie s'est arrêté, à son meilleur jour, son mariage.

_Il faut vivre, la vie continue, tout le monde de votre entourage a besoin de vous.

_ Oui je sais bien. Merci de m'avoir consacré du temps.

_ C'est normal madame, je reste à votre service.

Bon je reprends mon travail, tout en m'affairant à mes tâches, je pense. Je me dis je ne suis pas une héroïne, j'aime mon travail, j'aime ce contacte humain. Je ne fais que mon métier.

" Alors dame Suzette, comment allez-vous ce matin ?

_ Bien, j'ai bien dormi. Un bon déjeuné au lit, sa fait toujours plaisir, vous croyez pas.

_ Oui c'est vrai, comme avoir un sourire quand on rend visite, sa fait plaisir.

_Qu'elle est mon programme ce matin, .

_ Le brancardier viendra vous chercher pour vos examens. Je vous laisse Suzette.

_Merci, ma petite bertha.

Toc toc toc !...

_Oui entré.

_me revoilà, il dort toujours ?

_ Non, il s'est réveillé et s'est rendormi.

_ D'accord, je vais vous demander de sortir, le temps des soins.

_Oui bien sur.

Ma collègue en renfort, je retire le drap. Il se réveille par mon geste délicat. Il se sent honteux d'être à notre vue. Il se laisse faire. On le lave devant, on le retourne avec douceur, pour le nettoyer. Il ne dis toujours rien. Pourtant je sais qu'il a compris ou il était. Il se demande quoi, mais il reste silencieux, par pudeur peut-être.

_Voila Monsieur, vous êtes tout propre.

_Merci.

_ A plus tard, le docteur va passer, dans une demi-heure environ.

On ressort de la chambre, ma collègue me dit :

_ Il lui est arrivé quoi, à ce monsieur.

_J'étais en pause avec Évelyne, on suivaient toutes les deux les infos.

_Et alors !

_Un flash nous annoncés un attentat place de la mairie. D'Après les premières constatations une voiture aurais percuté une foule et aurait explosé.

_Ce monsieur c'est celui qui est passé dans les faits divers, on a aperçu le camion de pompiers qui nous l'acheminaient. Tout ça, parce qu'un mec était raciste, un athée qui ne supportait plus les croyants.

_En rentrant de mes vacances, dans l'avion qui me ramenait de Tahiti, j'ai écouté les infos.

_Terrible, le docteur dois lui annoncer la mort de sa fiancée, de son père, et de ses beau parents.

_ A oui, quand même le choc va être aussi violent.

_A qui le dis-tu.

_Je te laisse je dois donner un coup de main au service cardiologie.

_Ok, chao.

Je me dirige aux vestiaires, pour me changer. je passe ma carte à la pointeuse. Un coucou de la main pour dire en revoir a mes collègues.

Je pense à ce Monsieur; Je suis touchée, par cette affreuse histoire comme beaucoup.

Il a traversé les explosions de cet attentat. Il est vivant. Il a survécut à l'enfer et il va mourir de la mort la plus cruelle qu'il soit.

Être vivant et être prisonnier d'un chagrin immortel, la perte de sa famille. Une seule rescapée, son amie d'enfance.

Il lui faudra beaucoup de courage.

Je n'ai pas osez lui dire que la voiture qui la percuté était bourré d'explosif. Qu'ils sont tous morts a cause d'une personne qui ne croyait en rien.

Je me dirige vers ma voiture et je me dis moi j'ai de la chance, il me serait arrivé quoi avec un parcours mondial comme le mien.

je suis musulmane allemande, habitante d'une ville française, fille d'une marocaine résidente à Londres, d'un père handicapé, natif d'Espagne, vivant en Australie, sœur d'un frère député et d'une sœur thérésienne.

Je démarre et je rentre chez moi, laissant mon job derrière moi.


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