Couche chaude = semis bien au chaud

Publié le 01 février 2015 par Chriris

Article extrait du site Conseils Coaching Jardinage

Pour que vos semis germent bien il faut de la chaleur, mais nous n’avons pas tous une serre chauffée et la météo n’est pas toujours favorable. Pour bien démarrer les jeunes plants, il en va de même que pour les semis.

Je vais vous donner ici une technique pour chauffer vos semis et jeunes plants avec des produits naturels qui ne vous coûteront rien ou presque.

Il s’agit de la technique des couches chaudes.

( et leurs déclinaisons)

Les couches chaudes sont des amas de matières organiques ( fumier, feuilles, herbe, paille, broyât de déchets verts) qui vont par fermentation donner de la chaleur. Celle-ci a le pouvoir d’activer et d’accélérer la végétation de vos plantes, bien avant l’époque normale. Avec ces techniques, vous pouvez même cultiver certains légumes, comme les radis et la salade, tout au long de l’année.

Les matières utilisables pour monter les couches sont très variées et en fonction de leur nature, n’auront pas le même effet. Certaines montent très vite en température, en donnant des degrés de chauffe élevés, mais se refroidiront également plus rapidement. C’est le cas du fumier frais de cheval. On dit que c’est un fumier chaud. Si vous mettez votre fumier de cheval en tas compacté durant 1 à 2 mois, afin qu’il commence à composter, vous obtiendrez une matière pour monter des couches à températures plus modérées mais beaucoup plus durables ; c’est devenu un fumier froid. Vous pouvez également atténuer la montée en température d’un fumier de cheval frais en y incorporant des feuilles, du vieux foin, de la paille, ou des broyât de végétaux. En règle générale, les matériaux riches en carbone ( fumier très pailleux, feuilles sèches, brindilles dures) ont une montée en température plus faible mais plus longue que les matériaux riches en azote ( fumier non pailleux, herbes, foin frais, feuillage vert). Partant de là, vous pourrez aisément comprendre qu’avec un peu d’habitude et d’expérience, en mélangeant les bonnes doses de matériaux adéquats, vous pourrez faire des couches avec la température souhaitée mais surtout avec la bonne durée de chauffe. Oui, je sais, vous allez me dire : « C’est facile à dire, mais pas si facile à faire ». Eh bien, je suis tout à fait d’accord avec vous !

J’ai parlé ci-dessus seulement du fumier de cheval car c’est vraiment le meilleur pour monter des couches. Les autres ont tous des inconvénients. Le fumier de vache monte beaucoup moins en température, c’est ce qu’on appelle un fumier froid. Les fumiers de chèvre, mouton et volaille sont des fumiers qui montent très vite en température, mais surtout qui brûlent les racines du fait de leur teneur trop haute en ammoniac.

De nos jours, le fumier n’est pas forcément facile à trouver suivant la région où vous habitez. Pas d’inquiétude, vous pouvez très bien monter des couches chaudes avec des reliquats de jardin, comme les tontes de gazon, les feuilles d’automne ou du broyât de végétaux et de taille de haie… Vous pouvez aussi récupérer de la paille, du vieux foin, les broyâts de bord de route, voir même récupérer du broyât frais de déchets verts à votre déchetterie ou sur une plate-forme de compostage proche de chez vous ( certaines en donnent). Tous les matériaux organiques peuvent faire l’affaire, il vous faut juste faire le bon mélange pour obtenir la bonne montée en température et surtout la meilleure durée de chaleur constante.

Passons à la technique de montage de couche.

Toutes les sortes de couches chauffantes ont en commun une base de travail qui est de faire le mélange de matières organiques souhaité, puis de faire des couches bien tassées et assez humides afin de démarrer la fermentation qui produira la chaleur.

Mise à part cette partie commune, les différentes sortes de couches se différencient par leur structure.

Structure des couches chaudes

thermomètre de couche

La vraie couche chaude est en général montée exclusivement avec du fumier de cheval frais, sur une épaisseur de 40 à 60 cm. Commencez par poser votre châssis au sol pour en tracer le périmètre. Ensuite retirez-le et retracez un nouveau périmètre autour du précédent en élargissant de 30 cm. Voilà, vous avez votre surface de couche. Il faut 30 cm de plus que la taille du châssis de manière à ne pas avoir de déperdition de chaleur sur les bords de celui ci. Couvrez ce rectangle avec votre fumier humidifié, en tassant bien avec vos pieds. Une fois votre épaisseur voulue atteinte, posez votre châssis par dessus. Il faut que la couche de fumier soit montée avec les bords bien droits si vous voulez que votre châssis tienne bien. Remplissez ensuite votre châssis de terreau ( ou d’un mélange de terreau + terre ). Il en faut environ 20 cm pour des cultures de salades ou radis, mais plutôt 30 cm si vous comptez y faire des carottes ou des navets. Fermez votre châssis et couvrez le avec quelque chose d’isolant ( vieille couverture, moquette épaisse, feuille de plastique à bulles). Au bout de 3 à 5 jours, votre couche devrait commencer à monter en température. Avec un thermomètre à couche, vous pourrez vous rendre compte que la température monte vite et peut atteindre 50 à 70°C au bout de 10 à 12 jours. C’est ce qu’on appelle le « coup de feu ».

Quand semer une couche chaude ?

La température va rester ainsi durant 2 à 3 jours puis va se mettre à redescendre progressivement. On dit que la couche «  a jeté son coup de feu ». C’est à ce moment-là que vous pouvez faire vos semis ou repiquer vos jeunes plants. Veuillez tout de même à surveiller la température et n’hésitez pas à aérer vos châssis si la température est trop forte. Il est également possible de monter vos couches avec seulement 30 cm d’épaisseur de fumier, la température montera moins haut et durera moins longtemps mais vous pourrez semer directement après avoir fini de monter votre couche. Cette façon de faire est pratique pour les couches montées tardivement (février-mars).

Variantes des couches chaudes

1°- Couches chaudes enterrées :

C’est comme la couche chaude, mais le fumier est tassé dans une fosse de la dimension du châssis. Vous posez votre châssis, tracez son périmètre, enlevez le châssis et creusez à cet endroit une fosse de 40 à 60 cm de profondeur pour y mettre votre fumier.

C’est la méthode la plus utilisée et à mon avis la plus efficace et économe en chaleur. Elle réchauffe le sol au alentour et donne ainsi plus d’inertie au système.

Les couches chaudes non enterrées sont plutôt utilisées pour les très grands châssis où il serait fastidieux de creuser un très grand trou et également pour les châssis bâtis en fixe.

2°- Les couches tièdes :

Elles diffèrent de la couche chaude par les matières organiques mélangées et l’épaisseur de la couche. Le mélange doit être fait de moitié de fumier chaud et de moitié de matière qui va réduire la montée en température tout en la prolongeant. Cela peut être du fumier de vache (fumier froid), du fumier de cheval pré-composté, du broyât de végétaux, de la paille. Plus la saison est avancée, moins vous mettrez de fumier de cheval frais ( fumier chaud) : 3/4 en janvier, 2/3 en février, 1/2 en mars.

3°- Les couches sourdes :

C’est comme la couche chaude enterrée, mais avec une fosse plus petite que la dimension du châssis. De plus le mélange doit être composé de 1/3 de fumier chaud et 2/3 de fumier froid (ou autres matières organiques pailleuses). Ce genre de couche fonctionne aussi très bien avec les mini châssis et les cloches.

4°- Les couches en poquets :

C’est une mini couche chaude, bien utile pour les semis de courgettes, melons, potirons et concombres. Elle peut être couverte d’une cloche ou pas. Je tiens bien à préciser que le mélange de fumier et matières organiques n’est pas là pour nourrir la plante mais pour lui fournir un peu plus de chaleur.

5°- Les réchauds :

Les réchauds ne sont pas réellement des couches chaudes mais sont utiles pour renforcer la chaleur des couches lors de grands froids. En fait ce sont plutôt des isolants qui produisent leur propre chaleur. Ils sont faits avec du fumier chaud.

Vos couches chaudes peuvent chauffer deux fois.

Lorsque vous avez déjà fait une récolte précoce (radis, salade) sur votre couche et que celle-ci est bien tombée en température, vous pouvez lui relancer un « coup de feu » pour un deuxième service. Pour ce faire, videz le terreau du châssis, enlevez le châssis, sortez tout le fumier en l’aérant bien avec une fourche. Ajoutez y 1/4 de fumier frais et re-mélangez bien le tout. Vous remettez tout ça dans la fosse en tassant bien et en mouillant bien. Remettez ensuite le châssis et le terreau. Et voilà, votre couche est comme neuve et va remonter en température pour une nouvelle culture. Il est très important de bien remuer le vieux fumier afin de lui donner un maximum d’oxygène sinon il ne remontera pas en température.

Bien entendu vous pouvez tout-à-fait combiner ces différentes techniques de manière à les adapter à votre environnement et à vos besoins.

Voilà, c’est la fin de ce très long article technique. J’espère qu’il vous sera utile pour des récoltes précoces ou pour produire tout au long de l’année. Sachez aussi que cette technique est tout à fait applicable pour vos semis et boutures de plantes d’ornement. Les boutures démarrent à merveille dans les châssis à couches chaudes.

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Origine source de l'article: Couche chaude = semis bien au chaud, Conseils Coaching Jardinage