Fini, le « Graoully du dimanche », voici votre nouvelle rubrique dominicale, toujours assurée par votre serviteur. Pourquoi « un point, c’est tout » ? Parce que chaque dimanche, j’y ferai le point sur tout ce qui m’a interpellé au cours de la semaine écoulée, histoire de tourner la page et passer à autre chose ; je la veux désinvolte et décalée, ce qui n’interdira pas quelques coups de sang si besoin est, d’où ce titre volontiers familier. Bon, trêve de bavardages, allons-y gaiment…
Point de croix : Vous vous en doutez, les attentats du 7 janvier m’ont valu une solide déprime qui explique pourquoi cette nouvelle rubrique ne démarre que cette semaine et non pas le 11 janvier comme prévu initialement – de toute façon, le 11 janvier, à l’instar de trois millions de mes compatriotes, j’avais autre chose à faire. Je commençais à peine à sécher mes larmes d’avoir perdu mes maîtres à dessiner que j’apprends qu’une grande voix s’est tue à jamais… Mais non, bande de patates, pas Demis Roussos ! José Artur, l’animateur du « Pop-Club » ! Ça ne fait que me donner du chagrin supplémentaire car monsieur José Artur a lui aussi contribué, à sa façon, à bâtir la légende de Charlie Hebdo, non seulement en commentant sur les ondes les dernières satires du journal mais aussi en invitant l’équipe sur son plateau, donnant lieu à un CD mémorable où l’on entend notamment Cavanna raconter un conte de Noël comme il en avait le secret et Charb s’essayer au rap… Sale époque : si on laisse crever les uns après les autres tous les esprits libres et brillants de ce pays, il ne nous restera plus que les amuseurs de garderie comme Hanouna et les étrons humains comme Zemmour !
Point de croix (gammée) : Ah, Marine Le Pen ! Les jihadistes les lui apportaient littéralement sur un plateau, ces attentats, c’était du pain béni pour elle ! Mais non, le jour du 11 janvier, elle n’a réussi qu’à rassembler que quelques malheureuses centaines de personnes sous sa bannière, soit une goutte d’eau dans l’océan de manifestants qui a submergé la France. Son exclusion de la marche républicaine ? Il ne s’est trouvé pour la dénoncer que quelques malheureuses voix, vite étouffées par la multiplication des « Je suis Charlie ». Et dans les semaines qui ont suivi, le FN a plus fait montre de ses divisions internes que de sa capacité à détourner une actualité sordide au profit de sa propagande anti-islam et c’est François Hollande, pour une fois irréprochable, qui tire les marrons du feu ! Tout ça en dit long non seulement sur les limites du génie politique de l’héritière du borgne mais aussi sur son électorat : en fait, elle ne peut pas vraiment compter sur la majorité de ses électeurs, en tout cas pas au point de pouvoir espérer qu’il se mobiliseront en masse sous son égide un jour de grande manifestation ; c’est donc un électorat très versatile que la gauche alternative française pourrait très bien lui prendre si elle s’en donnait les moyens ! Il serait d’ailleurs temps car les sondages placent toujours le FN en tête des élections départementales et s’il est à peu près certain que la chienne de Buchenwald perdrait au second tour en 2017, elle récolterait quand même…45% des voix ! Un chiffre qui serait décevant pour un candidat du PS ou de l’UMP mais qui est disproportionné pour une candidate fasciste ! Le 11 janvier m’avait rendu presque fier d’être français : je sens que je ne vais tarder à en avoir de nouveau honte…
Point de prolongation (terme de solfège) : Si vous êtes un auditeur attentif de L’inventaire du mois, vous connaissez probablement Léna Potin, membre du trio musical Kittiwake ; avec plus d’un an de retard, je me suis enfin décidé à écouter leur disque Maybe one day qui a été partiellement enregistré tout près de chez moi, à Guilers : pour une fois, il sort quelque chose de beau de ma ville de vieux con ! Et quand je dis « beau », c’est un doux euphémisme : l’audition de ce disque est un véritable enchantement, la maîtrise du chant et de la musique est telle chez ces artistes qu’on en oublie leur jeune âge, dire que c’est d’une qualité professionnelle n’est même pas exagéré, c’est encore en-deçà de la réalité, j’ai cru un instant que je me passais un disque des Cranberries et que c’était Dolorès O’Riordan qui chantait (j’en connais qui vont rougir)… Qui a dit qu’écrire « pour » était plus difficile qu’écrire « contre » ? Quand le sujet en vaut la peine, ne pas tarir d’éloges est un jeu d’enfant ! Cela dit, puisqu’on parle de musique restons-y : j’ai écouté ce que Grand Corps Malade et Tryo ont composé suite aux attentats du 7 janvier et je n’en regrette que d’autant plus que Renaud ne fasse plus rien…
Point final : Cette première rubrique aura été un peu succincte ; laissez-moi le temps de la roder et les prochains numéros seront sûrement plus étoffés. En attendant, je m’en voudrais de terminer sans signaler la mauvaise nouvelle avec laquelle je me suis réveillé ce matin, à savoir le décès de ma copine Marie Orsot, une artiste proche de l’association DécouverteS, chanteuse de blues et musicothérapeute de son état ; elle a été emportée par cette saloperie de cancer à 45 piges… Nom de dieu de merde, mais quel début d’année pourri ! Il y en a qui trouvent que le mois de janvier est vite passé, moi, je l’ai trouvé interminable ! Un point c’est tout !