Magazine Journal intime
La Pompe A Diesel.
Publié le 28 mai 2008 par Mélina Loupia
Hier, alors que la semaine ne faisait que continuer de mal démarrer et que notamment, le garagiste me parlait dans un langage que je ne maîtrise que très mal, employant la sémantique mécanique à
coups de joint de culasse, radiateur, vase d'expansion à changer, tout à démonter, mon trio affamé rentre de l'école.
"Salut maman! ça va?
-Super et vous? La journée a été bonne?
-Bien, dix-neuf en allemand.
-Dix-sept en SVT
-Chouette, il reste une banane!
-NE TOUCHE PAS AUX BANANES, IL EN RESTE TROIS, CE SERA POUR LE DESSERT, AU PRIX QU'ELLES FONT, ON PEUT PAS SE PERMETTRE D'EN MANGER POUR LE GOÛTER, MALHEUREUX MAIS TU AS PERDU LA TÊTE?
-Oh ça va maman... Je peux prendre un yaourt?
-Oui, mais ceux que j'ai faits. Vous remercierez Nicolas quand vous serez en âge de voter. Ce jour-là, vous lui direz combien vous auriez aimé manger des bananes à loisir quand vous étiez
petits et que maintenant que vous êtes adultes et que vous présentez de sérieuses carences en magnésium, qu'il fasse quelque chose.
-Il sera pas mort quand on pourra voter?
-Y a des mots à signer?
-Oui, je vais au spectacle de danse vendredi soir, il faut que tu signes l'autorisation.
-Donne le papier.
-Tiens."
L'invitation à aller voir son enfant, la chair de sa chair, exécuter sous nos yeux ébahis, des danses que nos parents ont apprises était alléchante, et j'avais hâte de voir sautiller le mien, sur
un air de tcha-tcha ou de madison.
J'indique comme demandé les nom et prénom de mon petit rat, les miens, coche la case qui signifie que je suis enthousiaste à l'idée de le voir faire comme ses camarades, afin de ne pas l'exclure du
groupe social, je date et signe.
Et je marque un temps d'arrêt, tel un Setter bloqué devant un écran bleu de Pc.
"Arnaud, t'as vu où c'est le spectacle?
-Oui, à Trente Kilomètres Minervois.
-C'est le bus qui nous prend ou on y va en delta?
-Maman, faut que tu m'amènes.
-Et comment?
-Ebé en voiture, à cette heure, papa sera rentré.
-Et si on a plus d'essence?
-Ebé tu mettras du gasoil.
-Justement, il se trouve que c'est ce à quoi on tourne, votre père et moi.
-Tu sais, il reste deux litres d'huile sans odeur dans la friteuse maman.
-Je vais pas vous priver en plus de frites, déjà que je vous rationne les bananes.
-Mais maman, je veux y aller, tu te rappelles comme je danse bien le madison.
-Je sais, mais si papa a pas pu faire le plein d'ici là, il faudra trouver une solution.
-Et le covoiturage?
-Et si la covoiture elle a plus de gasoil non plus?
-J'appelle la voisine."
Conscience écolocitoyenne forcée, je me retrouve pour la première fois de ma vie forcée à céder à un élan de bobo attitude que j'espère passager, et donc à accepter de partir en convoi au
spectacle. Moyennant un retour de trajet la fois suivante, il va de soi.
"Voilà, c'est réglé, on part tous ensemble vendredi soir.
-Chouette.
-Là encore, vous remercierez Nicolas.
-MAIS QUOI? J'AI RIEN FAIT, RIEN DIT, J'AI EU UNE SUPER NOTE ET TOUT ME RETOMBE DESSUS!
-Nicolas tu vas te détendre, on parlait pas de toi, mais de l'autre Nicolas.
-Tu sais, celui qui est plus vieux et plus petit que toi.
-Celui qui nous pique nos bananes et notre essence.
-Voilà, lui-même himself en personne, celui qui va faire son marché avec sa poupée Barbie.
-Ah lui? Lui qui peut largement acheter tous les régimes de bananes et se baigner dans une piscine olympique de gasoil dans laquelle y a plus de poissons et auquel encore, on offre des caisses de
fromage de chèvre, alors que le lait frôle le cours d'un produit de luxe?
-En gros, oui, lui.
-Mais pourquoi vous m'avez appelé comme lui?
-Mon chéri, à cette époque, on pensait pas que la monarchie reviendrait au pouvoir. Allez, vas donc au champ, ton père t'y attend pour aiguiser la faux."
Maya Barsony La Pompe A Diesel
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