Le nouvel album de Betty LaVette est un bien bel objet. Non seulement nous avons un CD de belle facture mais le boitier renferme aussi un DVD d’une prestation scénique enregistrée l’an dernier au Jazz Café de Londres, pour ceux qui voudront investir dans le modèle luxueux.
Si la grande dame du blues et de la soul enregistre ses disques en mode formation réduite, guitare, basse, batterie et claviers, elle ne s’entoure que de bons musiciens, comme le fameux Doyle Bramhall II à la guitare. Comme d’habitude, chaque nouveau CD renferme une sorte de petit jeu, tenter de repérer les reprises à l’oreille uniquement et ce n’est pas du gâteau. La preuve encore aujourd’hui avec Unbelievable emprunté à Bob Dylan (Under The Red Sky), Wait aux Beatles (Rubber Soul) et Complicated aux Rolling Stones (Between The Buttons). Certes, le titre des Stones n’est pas très connu, mais celui des Beatles ? J’ai été obligé de réécouter l’original pour convaincre mon cerveau que mes oreilles ne se trompaient pas ! Betty LaVette a une manière bien à elle pour déstructurer les morceaux qu’elle se réapproprie et en faire de nouveaux originaux.
En tout cas, reprises ou originaux, tous les titres sont interprétés avec une poignante émotion tirée du plus profond de son âme. Tripes, boyaux, soul, donnez-lui le nom que vous voudrez mais sa voix unique, immédiatement reconnaissable marque l’auditeur. Avec Betty LaVette, le chant est une activité physique évidente, qui la fait souffrir, qui vous fait mal, tant on craint qu’à frôler la rupture, elle ne tombe et sur scène c’est particulièrement marquant.
La principale critique adressée à Betty Lavette par ses détracteurs, consiste à dire que si elle a une belle voix, elle l’exploite aussi toujours de la même manière. C’est un argument que j’entends et qui n’est pas infondé mais c’est sa marque de fabrique, on pourrait en dire autant de beaucoup d’autres.
Sur ce, je retourne à l’écoute de ce disque car j’ai encore du mal à me convaincre que Unbelievable, Complicated et Wait, ne sont pas des compositions de madame LaVette…