La rue s'est vite imposée comme un médium privilégié pour Rizote. Et le graffiti est devenu un formidable moyen d'étendre le domaine des possibilités. Rizote a su se réinventer à chacune de ses interventions et appréhender le graffiti comme un univers ludique sans astreinte, ni limite. Une expérience sensible et sans cesse renouvelée d'une liberté qui se vit et s'exprime sans contrainte. La ville n'est plus cet univers pesant et normé où le destin de chacun semble programmé en fonction de l'endroit où il vit, où il travaille et des lieux où l’on doit se rendre pour exister socialement. Le graffiti est devenu pour lui impérieux. Avec la nécessité de se réapproprier la ville et l'espace. De faire sciemment deux pas de côté et d'emprunter un chemin de traverse, de passer une balustre ou d'escalader un grillage pour peindre. C'est ce cheminement que Rizote a décidé de raconter avec sa première exposition CAT. C'est une exposition dédiée à tous les éléments constitutifs de ce qu'est le graffiti. Rizote s'est donc intéressé au périple urbain lié au graffiti. Il révèle aussi les interventions répétées, volontaires ou non que subissent les "pièces" durant leurs vies éphémères et s'intéresse ainsi aux différents cycles de la vie d'un graffiti. Qu'il soit toyé, repassé par d'autres graffeurs ou par la police ferroviaire. Qu'il subisse l'usure du temps ou l'intervention répétée des nettoyeurs, c'est à chaque fois un nouveau processus créatif qui se met en place. Et ce sont les notions même d'art et d'interactivité qui sont ici sondées. L'art est-il une création volontaire ou non, collective, sociale ou purement personnelle ? C'est le graffiti comme expérience en marge que Rizote a choisi de raconter avec cette exposition. Au-delà de la peinture, Rizote a d'abord mis l'accent sur la quête, l'aventure et l'expérience urbaine qui font du graffiti un moyen singulier d'éprouver la liberté. Et par ce biais, il nous en dit un peu plus aussi sur le consumérisme et la marchandisation, sur la norme et l'interdit, sur les limites et la transgression.
Bernard Fontaine