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fouler mes blessures.

Publié le 11 février 2015 par Sianaphy
fouler mes blessures. 
assis au bord d'un trottoir, je quémande ne serait ce qu'un peu d'attention, un peu de reconnaissance. le fossé s'est creusé, et je ne parviens pas à remonter. je suis tombé mais personne ne veut me relever. parfois les nuages se dégagent mais la lumière n'apparaît pas. aucune main ne se tend pour récupérer la mienne. on me regarde du haut de ce trou. étrangement, indifféremment. je suis l'autre. un autre. un putain d'étranger pour la simple raison que je suis différent. pourtant je suis là. je suis présent. j'existe aux yeux de tous mais je suis également profondément absent, invisible ou peut-être inintéressant. sans intérêt. je suis déjà foutu. ils possèdent une résignation qui me contamine. une maladie incurable qui ne semble même pas pouvoir les affecter. nous sommes plusieurs dans ce trou, mais certains s'en sortent un peu mieux que d'autres. une inégalité qui me ronge. j'ai ainsi été choisi, contre mon gré. parmi ces milliards d'hommes, je n'ai pas eu la chance de m'adapter. des événements bien plus puissants que moi ont pris le contrôle et m'ont conduit dans ce chemin tortueux dont je ne souhaitais pas aller. parfois je croise le regard de ces hommes, de ce qui me sert de semblables. je ne lis qu'une hypocrite pitié, une empathie à vomir. dans les miens, certains décèlent ma peur, ma crainte, ma perte. je suis devenu un homme errant sans aucune volonté, sans aucun espoir. il s'est envolé lui aussi et m'a laissé seul avec ce monde pernicieux. je suis un homme battu quotidiennement par le confort des uns, la richesse des autres et par un amour qui m'est interdit. je suis un homme marginal forcé de vivre dans cet environnement qui ne me désire pas. la barrière est presque plus lourde que mes maux. en contrepartie, je ne fais que rejeter ces êtres qui me méprisent constamment. voilà ma seule riposte possible. j'ai imité mes prédécesseurs, car c'est bien dans cette case que je suis. c'est ainsi un devoir que je dois tenir, et c'est certainement bien le seul que je puisse. je peux essayer d'agir différemment, mais la tâche est ardue. les vices m'appellent et me recouvrent de toute leur perversité. je me laisse emporter par leur souffle mortel sous la pression de mon abandon. je suis bouffé par le manque. je ne parviens pas à crier plus fort que je ne le fais déjà. essayez de m'entendre, de me regarder parfois et vous verrez peut-être que nous ne sommes pas si étrangers. je suis un homme détruit par votre simple présence. une ridicule pièce balancée dans mon gobelet en carton sale ne fera pas de vous quelqu'un de bien et de respectable. je suis un homme. un homme.Sïana  ©

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