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Le Billet Amer #10

Publié le 13 février 2015 par Observatoiredumensonge

Ce qui ne veut pas dire que nous approuvons.

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   Le Billet Amer #10  

Par L’Aigre Doux

François Hollande, père de la Nation … De tous les hommes politiques d’envergure présidentielle, aucun, pas plus l’actuel Président de la République que les anciens titulaires de la charge et ceux qui souhaitent y accéder, ne semble en mesure de prétendre à cette distinction. Chez nos contemporains, De Gaulle ou Mitterrand auraient pu endosser cet uniforme et puis loin dans l’Histoire probablement Clémenceau. Plus une question d’image, de caractère et de posture d’ailleurs qu’autre chose. Ce cliché renvoyé par la presse, après la conférence du Chef de l’État, met surtout en relief la nouvelle stratégie de reconquête de l’opinion, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017.

En 2011, les candidats à la primaire socialiste n’avaient pas anticipé l’habileté manœuvrière de François Hollande, coiffant tous les favoris sur le poteau. Quatre ans plus tard, par une exploitation habile du contexte et des circonstances, un scénario identique est en train de se dessiner avec le même metteur en scène aux manettes et semble-t-il la passivité, la division ou l’impuissance de ses concurrents.

Rassemblement, unité du peuple français, ferveur patriotique, François Hollande joue à fond cette partition fédératrice démultipliant l’émotion populaire née des événements dramatiques du mois de janvier. Sautant d’une commémoration nationale à une conférence internationale, du rôle de chef de guerre dans la lutte contre le terrorisme islamique à celui d’homme de paix dans le conflit ukrainien, il prend à contre-pied tous ses rivaux qui ne trouvent aucun angle d’attaque sur des initiatives relevant de l’intérêt supérieur de la France et donc peu susceptibles d’être critiquées.

Toutes les questions qui avaient provoqué le discrédit de la majorité gouvernementale – chômage, crise économique, délinquance, immigration – ont été évacuées pour laisser place au one man show présidentiel générateur de sondages plus avantageux. Comme Sarkozy, Hollande a changé. Comme lui, il occupe maintenant plus volontiers l’espace international et gère plutôt bien, en externe plus qu’en interne d’ailleurs, les horreurs de l’état islamique, mais aussi les nouveaux dirigeants grecs et Vladimir Poutine. Seul risque pour lui, le peu de poids que pèse dans l’appréciation des électeurs l’action extérieure du Chef de l’Etat. Nicolas Sarkozy, qui s’était créé un véritable statut de leader européen dans ce domaine, n’a pas échappé à la sanction électorale en 2012.

Quoi qu’il en soit, la Droite, incapable de se dépêtrer depuis 30 ans du piège Front National dans lequel Mitterrand l’a précipitée, a quand même du souci à se faire. L’élection partielle du Doubs en est la redoutable illustration.

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Front National contre le reste du monde politique! C’est en ces termes qu’il faut analyser les résultats de l’élection législative partielle du Doubs. Un seul vainqueur réel : le parti de Marine Le Pen (48,5% des voix) contre, excusez du peu, le PS+ le NPA+ le Front de Gauche + les communistes+ les verts+ les radicaux de gauche+ les radicaux de centre gauche + l’UDI + le Modem + l’UMP tendance Juppé, 51,5% à eux tous!

A l’exception des socialistes qui seuls peuvent se réjouir de cette maigre victoire leur permettant de mettre un terme à plus d’une douzaine d’échecs dans le même type de scrutin depuis 2012, tous les autres mouvements et particulièrement ceux du centre gauche, du centre droit et de droite ont, comme en période cyclonique, intérêt vital à décréter l’alerte rouge. Avec une évidence hurlante comme un signal d’alarme : les électeurs ne sont pas taillables et corvéables à merci et ne supportent pas les consignes de vote qui heurtent leurs convictions profondes. Ils l’ont bien fait savoir en ce dimanche glacial du côté de Sochaux et de Montbéliard. Le Front Républicain n’est plus qu’un artifice de langage politicien.

Marine le Pen est en voie de gagner la bataille populaire qui lui a permis d’attirer à elle durablement des catégories sociales d’électeurs qui depuis toujours constituaient les bataillons de choc des partis de gauche. Ceux de nos compatriotes qui subissent quotidiennement dans les banlieues sensibles des petites ou grandes villes ou dans les campagnes toutes les insupportables atteintes à leur mode de vie, leur sécurité, leur identité que la pensée dominante se refuse à prendre en compte depuis des décennies, ont rejeté ces élites hautaines et arrogantes qui prétendaient parler en leur nom.

Ce scrutin partiel est un signal fort qui démontre qu’à l’échéance de 2017, plus aucun cas de figure n’est à écarter. La grande coalition hétéroclite et décalée, par rapport aux réalités sociales de notre pays, atteint ses limites. A un souffle près, nous ne sommes plus loin en France d’une situation de type grec que l’autisme des responsables des partis dits de gouvernement est en train de favoriser. Et ça n’est un réconfort pour personne d’empiler Droite et Gauche dans ce même sac informe.

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Tirs de Kalachnikov contre les forces de police à Marseille, le jour même où Manuel Valls se déplace dans la ville de Jean-Claude Gaudin. Le signal est fort en ces lendemains de déconvenue électorale où les gagnants semblent plus affligés et inquiets que les perdants.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est évident que la dynamique révélée par les résultats de cette partielle du Doubs ne va pas décroitre. L’accumulation d’erreurs, de manquements, d’approximations, de carences dans la gestion des acteurs sanglants des dramatiques événements de janvier démontre les failles béantes des systèmes de sécurité dans lesquelles s’engouffrent les tueurs islamistes. Chacun perçoit bien que cette exceptionnelle conjoncture de hauts risques exige des décisions radicales touchant tous les secteurs de l’action gouvernementale et particulièrement ceux concernant les réponses judiciaires et policières à y apporter, l’option militaire pour l’extérieur étant sans doute celle qui correspond le mieux à la nécessité du moment.

Après les «  pas d’amalgame et pas de stigmatisation » dont on nous a abreuvés depuis des semaines, nous voilà rendus au très pertinent «  lutter plus efficacement contre le Front National ». Une priorité plus absolue que combattre les «  fous de Dieu » pour les partis de droite comme de gauche. Cette belle détermination va sans doute désarmer tous les djihadistes de nos banlieues et ramener l’ordre et le calme dans les territoires perdus de la République. Une manière bien rodée de passer à côté de réalités dérangeantes en détournant l’attention de l’opinion sur un bouc émissaire commode qui, quoi qu’on pense de son positionnement, ne peut être accusé de générer les zones communautaires de délinquance, véritables pépinières de terroristes islamiques. Avec en prime, une victimisation dont Marine le Pen profite pleinement, les citoyens lucides n’étant plus aussi faciles à berner, comme en témoignent les consignes de vote peu suivies d’effet.

Seul éclair dans ce brouillard anesthésiant : le nouveau cri d’alarme lancé par la sénatrice socialiste Samia Ghali, d’origine maghrébine, issue des quartiers nord de Marseille. Vilipendée par ses propres amis politiques quand elle avait suggéré il y a quelques temps l’intervention de l’armée, seul moyen selon elle de rétablir l’ordre dans les cités, elle vient de récidiver avec courage en dénonçant « une situation de guerre». Curieusement d’ailleurs, elle n’incrimine pas le Front National même s’il en est, électoralement parlant, le principal bénéficiaire.

Son appel lucide et angoissé arrivera-t-il jusqu’aux portes de la Chancellerie de sa camarade Christiane Taubira et, au-delà, jusqu’aux oreilles de tout ceux de son camp exerçant le pouvoir ou restera-t-il un prêche de plus dans le désert ?

N’est malheureusement pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

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Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignant se sont félicités, comme Jean-Luc Mélanchon, du succès de l’extrême gauche aux élections législatives grecques. Compréhensible chez le leader du Front de Gauche, une telle satisfaction peut paraitre pour le moins curieuse pour le Front National et Debout la France, situés très à droite sur l’échiquier politique. Cette incohérence idéologique, faisant suite à l’alliance conclue entre le très gauchiste Alexis Tsipras, leader du mouvement Syriza et le parti de droite souverainiste « Grecs Indépendants » de Panos Kammenos pour former à Athènes une coalition gouvernementale, revêt cependant une certaine logique politique. Tous ces dirigeants de bords aussi opposés sont en effet d’accord sur un seul constat mais il est de taille : la responsabilité pleine et entière de l’Union Européenne sur les maux divers et variés qui frappent les nations qui en sont membres. Un point de divergence majeur les oppose par ailleurs : l’immigration. Alexis Tsipras et Jean-Luc Mélanchon sont pour l’ouverture des frontières à toute la misère du monde. Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignant et Panos Kammenos y voient une des causes majeures des difficultés de leur pays respectif. De l’ambiance en perspective au sein du gouvernement hellène…

Après les analyses du scrutin du Doubs dans la perspective des élections présidentielles de 2017, il ne sera pas inutile de suivre avec attention le déroulement des événements en Grèce dans les semaines et les mois à venir. Les leçons à en tirer seront édifiantes, tant sur les conséquences du maintien ou pas des positions intransigeantes du nouveau Premier Ministre face à l’Europe que sur la solidité de l’accord de gouvernement passé avec la droite extrême, quand les questions liées à l’immigration viendront en discussion.

Quittant l’imaginaire généré par les campagnes électorales destinées à faire rêver le bon peuple, nous voilà rendus, par Grèce interposée, dans un réel plus rugueux, comme toujours fort éloigné des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient. Avec François Hollande les Français ont, comme au poker, payé très cher pour voir et pour savoir. Forts de cette déconvenue que le Président socialiste n’est pas le seul à avoir suscitée, les causes du mal français remontant beaucoup plus loin dans l’Histoire, les citoyens- électeurs seraient bien avisés de suivre attentivement cet épisode de politique-réalité en direct afin d’en recueillir, au moment du choix, les meilleurs enseignements pour notre pays.

Gagner une élection n’est pas une fin, c’est seulement un commencement…

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Le rapport est alarmant et consternant. Plus de 50.000 combattants sont enrôlés dans les rangs de l’état islamique, dont 40.000 volontaires « étrangers », 10.000 en provenance des pays occidentaux et plus d’un millier de France. Et le flot, malgré les revers militaires relatifs des djihadistes, ne fait que croître.

Dans sa volonté d’imposer à la terre entière le califat, Al- Bagdhadi, le nouveau chef autoproclamé des « vrais croyants », remporte là une incontestable victoire dans son combat contre les « mécréants » en donnant, à travers sa légion internationale, une dimension universelle à son projet criminel. Ayant établi par la terreur sa domination territoriale sur des régions frontalières, il abolit de fait du même coup les limites des Etats reconnus par la communauté internationale. Ces effets collatéraux dévastateurs résultent des équipées militaires sans queue ni tête de l’Otan et des pays européens dans cette région du monde contre la Lybie et la Syrie ainsi que du grand chambardement géopolitique engendré par les guerres d’Afghanistan et d’Irak, plongeant ces nations fragiles dans un chaos durable.

Mais l’aspect le plus inquiétant de cette conjoncture, dans nos pays de vieille civilisation, réside dans cette incommensurable faillite morale et spirituelle qui a favorisé, pour ne pas dire généré, l’émergence de ce phénomène de rejet violent, gangrène mortelle de nos territoires. Sans plus aucun repère à suivre, sans plus aucune valeur à respecter, la voie est largement ouverte à tous les propagateurs d’illusions sulfureuses. Le nombre sans cesse croissant de conversions à l’islam dans nos sociétés de tradition chrétienne en est la plus visible conséquence, les nouveaux convertis basculant pour la plupart du côté obscur de la radicalisation religieuse.

L’échec est collectif et chacun y a sa part : les politiques, les éducateurs, les religieux, les magistrats, tous ces grands clercs qui ont failli et n’ont pas été, au cours des décennies écoulées, à la hauteur de leurs responsabilités. Le formatage des esprits, intense et prolongé sur des générations, a aboli toutes les vertus spirituelles et sociales, ciment millénaire de nos sociétés : que des droits et plus de devoirs, interdit d’interdire, l’excuse et la repentance, toutes notions permissives érigées en dogme incontournable par la pensée dominante. Croissance, pouvoir d’achat, produit intérieur brut, consommation et laïcité militante constituent désormais le socle exclusif du nouvel art de vivre.

De tous temps, l’homme a eu besoin de se donner un idéal spirituel conférant à son existence un sens supérieur pas seulement voué au matérialisme. Faute de quoi, le terrain abandonné est laissé en jachère, champ libre où prolifèrent les mauvaises herbes et où s’installe la chienlit.

Nous y sommes pleinement…

L’Aigre Doux

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*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur ***

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