Magazine Nouvelles

Ludovic Degroote | Am Timan, Tchad

Publié le 26 février 2015 par Angèle Paoli

11N-20 E AM TIMAN, TCHAD
I l n'y a, dit-on, qu'un début, on s'arrête, on redémarre, à l'image de la vie, quoique celle-ci ne cesse qu'une fois, parce qu'on assimile à la vie mille petits faits qui la composent, vitrail ou mosaïque auxquels vous participez de si près que vous n'en avez pas de vue d'ensemble ; voilà que nous augmentons d'importance un détail qui se dissoudra demain dans la masse
on ne part jamais que de soi-même
la vie vous emmène d'un jour blanc au désert de Libye
ou d'une cave au grenier
d'Am Timam, grenier du Tchad, à Etienne Marcel, prévôt des marchands de Paris
articulations que vous franchissez sans y penser
les yeux glissant vides contre le tunnel
au fond sait-on ce que l'on traverse sinon un moment de vie
qui vous traverse
et qui passe
le temps
d'un regard ou d'une pensée
qui vous accroche
quand un groupe de tchadiennes dans leurs tenues chamarrées
apporte à la rame sourires et gaieté la vrai vie masques
aux souvenirs des machettes.
Ludovic Degroote, Ligne 4, Le Square éditeur, Collection Carnets de lignes, 2015, pp. 14-15. Illustrations de Cédric Carré.
Ludovic Degroote   |  Am Timan, Tchad


__________________________________________
NOTE de L'ÉDITEUR
Et si la poésie se vivait au quotidien ? En projetant le plan de métro sur une mappemonde, vous avez créé 13 voyages sidérants, 13 tours du monde différents qui racontent autant d'aventures, d'impressions, de rencontres. Chaque station du métro trouve un équivalent géographique dans le monde : la station Kléber devient La Nouvelle Orléans, la station Bonne Nouvelle devient Le Caire, la station Lourmel devient l'Ile de Pâques ! Et chaque escale est l'occasion d'une pensée, d'une esquisse, d'un songe réel. [...]
Ce que nous mesurons de nos vies souterraines souvent s'avère déroutant. Voilà qu'on entre chez soi ou dans une habitude qui semble vous ramener à la maison, un détail suffit à ce que votre imagination vous emmène ailleurs, je dis votre imagination par simplification de la réalité qu'elle fabrique, car ces vies souterraines n'ont pas moins de sens que celles qu'on adopte en façade, la façade présentant moins de volume que les intérieurs.
C'est ainsi que vous prenez le métro porte de Clignancourt et que vous vous retrouvez assis non loin d'un ours blanc.


Retour à La Une de Logo Paperblog