Signée cette semaine dans le plus grand secret puisque même la municipalité n'en avait pas été informée, cette transaction, qui illustre la soif d'investissements en Europe du richissime émirat raciste, terroriste et esclavagiste, voit passer de 40 à 100% la part du fonds souverain du Qatar, le Qatar Investment Authority (QIA), dans ce vaste projet situé à peine à un kilomètre du Duomo, cœur de Milan. C'était le projet non concrétisé du Fonds souverain libyen. Il fallait tuer Mouammar Kadhafi pour arriver à ses fins avec la complicité des Occidentaux.
Son prix n'a pas été révélé, et pour cause, cet argent sanguinolent, dont personne n'ose dire qu'il s'agit de biens mal acquis -normal ce n'est pas l'Afrique-, mais "il s'agit d'un chiffre important", qui en fait "une des plus grandes transactions à l'échelle européenne", a déclaré vendredi lors d'un point presse Manfredi Catella, directeur général de Hines Italia, société italienne de développement immobilier représentant le consortium des investisseurs initiaux.
Les parts rachetées par le Qatar étaient auparavant détenues par Hines même, l'assureur italien UnipolSai et plusieurs fonds d'investissement. À terme, le capital de Porta Nuova pourra être ouvert de manière minoritaire à d'autres fonds souverains, selon M. Catella. La valeur de marché du quartier Porta Nuova, qui comprend 25 bâtiments ultra-modernes, dépasse les 2 milliards d'euros. Le Qatar, qui détient aussi le magasin Harrods à Londres et de nombreux actifs en France, comme le club de football Paris-Saint-Germain (PSG) et une série de participations dans des grandes entreprises, avait fait son entrée dans le projet en 2013 avec une part de 40%.
4 000 emploisLe chantier de Porta Nuova a été lancé dans les années 2000 sur un gigantesque terrain de 290 000 mètres carrés autrefois dédié à des activités ferroviaires. Très bien placé et riche en infrastructures, dont une gare desservant Paris directement, des zones piétonnes et des pistes cyclables, le quartier s'est rapidement "gentrifié" et les prix de l'immobilier y ont grimpé en dépit des tendances récessionnistes à l'œuvre en Italie.
Son cœur est aujourd'hui la place Gae Aulenti. C'est là que la banque UniCredit, l'un des principaux établissements du pays, a établi fin 2012 son quartier général dans un gratte-ciel de forme étrangement arquée. Signé par l'architecte César Pelli et classé parmi les plus hauts d'Italie, il voit passer chaque jour quelque 4 000 salariés. Ses abords accueillent d'autres entreprises, dont les bureaux de Google, ainsi qu'une série de boutiques chic, des cafés ultrabranchés prisés par les fashionistas de Milan, un restaurant étoilé et, à terme, un grand parc. Le complexe comprend également une partie résidentielle de 380 unités d'habitation, dont le double gratte-ciel "Bosco Verticale" (forêt verticale), conçu par le studio Boeri et distingué par le prix d'architecture International Highrise Award en 2014.