Imperturbable, le jardinier continue à arroser

Publié le 29 mai 2008 par Gilles Poirier

De tous les métiers que les gens font ici dans le village, le plus frustrant doit être celui du jardinier. Chaque jour il s’échine à faire pousser du gazon sur le terreplein de l’entrée du village en arrosant abondamment le sol, mais la seule chose qu’il arrive à faire c’est une flaque de boue. Le gazon refuse obstinément de pousser sauf à quelques endroits éparts juste pour indiquer aux autres que c’est bien du gazon qu’il cherche à faire pousser.Il y a aussi quelques arbustes plantés ici et là dans le camp mais eux aussi ont l’air mal en point. Il faut dire que les conditions climatiques ne sont pas l’idéal pour faire pousser quoi que ce soit d’autre que l’herbe à steppe. L’hiver ici il fait entre -30 et -40°C et on bascule d’un coup à entre +30 et +40°C. Par-dessus ça, la pluie n’a pas souvent l’air au rendez vous, du moins pendant cette saison, depuis que je suis ici pas une seule goutte n’est tombée avant aujourd’hui, et encore aujourd’hui c’est plus du crachin que de la pluie. Et puis il y a un autre ennemi des plantes, le vent. Ici quand le vent souffle depuis la mer Caspienne, il n’y a rien pour l’arrêter, pas un seul arbre sur des centaines de kilomètres et le seul relief que l’on peut trouver c’est les talus faits par les bulldozers dans les travaux de terrassement. Mais imperturbable, le jardinier continue à arroser avec son casque de chantier sur la tête, les lunettes et chaussures de sécurité parce qu’un chef, qui applique bêtement les procédures de sécurité du chantier, lui a dit d’être habillé comme ça, sauf qu’à coté les femmes se promènent en talons aiguilles et que l'on se trouve à 22km du chantier.