Point d’absence d’honneur : Entendre Marine Le Pen affirmer qu’elle est profondément attachée aux valeurs républicaines me fait le même effet que voir Barry Blunt, le méchant dans À l’ombre des derricks (un album de Lucky Luke) protester son innocence ou rencontrer un sale petit voyou qui embête tout le monde dans la classe et qui dit que ce sont les autres qui l’embêtent : ce culot phénoménal me donne envie de lui mettre des claques dans la gueule ! Républicain, un parti fondé par d’anciens nazis, qui harcèle les journalistes qui ne sont pas de son côté et dont les candidats sont pris chaque semaine en flagrant délit de xénophobie ? Le culot de l’héritière du borgne n’est cependant pas fait pour m’étonner : si elle avait un quelconque point d’honneur, elle ne serait pas chef du Front Nazional (ne cherchez pas la faute de frappe) ! En tout état de cause, vous pourrez m’avancer toutes les circonstances atténuantes que vous voudrez, je ne sortirai pas de là : pour voter pour cette association de malfaiteurs, il faut être un con ou un salaud ! Non, ça ne me dérange pas de traiter ainsi 30% des Français, je le pense depuis le 21 avril 2002 ! Treize ans de cauchemar éveillé, ça suffit ! Vous me direz que le FN est un épouvantail que les autres partis agitent pour effrayer ? Je vous répond que c’est un épouvantail qui mord vraiment, bande de cons ! Mon pire cauchemar, en ce moment, c’est de rencontrer un mec du FN et de le trouver sympathique, mais je dois dire que ça n’est pas encore arrivé !
Point d’absence d’honneur : Je me souviens d’un gag de « Mafalda », la BD de Quino, où le père de la gamine contestataire, voyant la sale tronche qu’il a au réveil, se dit « ce doit être la seule heure de la journée où l’on comprend pourquoi le pays n’avance pas plus rapidement ». De fait, le soleil d’Austerlitz, c’est bien de la légende : on se lève le matin en râlant, en se disant « vivement que ce soit fini », puis on passe la journée le nez dans le guidon, ne s’interrompant que quand les nécessités corporelles (alimentation et vidange des déchets) nous l’imposent pour finalement se coucher, complètement vidé. Comment voulez-vous qu’on trouve le temps d’agir pour le bien de la communauté quand c’est déjà tellement dur d’agir pour son propre bien ? Comment voulez-vous qu’on prenne notre destin en main quand on c’est déjà si difficile de prendre sa journée en main ? On critique les élus, mais qui serait prêt à faire leur travail à leur place ? Après tout, le président de la République est logé à la même enseigne que nous tous : sur son trône élyséen, il n’est assis que sur son cul…
Mise au point : Deux mois déjà que mes maîtres à déconner ont été assassinés par des connards armés jusqu’aux dents ! Maintenant que l’émotion est derrière nous, la belle unité nationale du 11 janvier me laisse de plus en plus sceptique : on a quand même oublié qu’avant de clamer unanimement « Je suis Charlie », les braves gens de France, ceux que feu Cabu croquait si bien sous les traits du fameux « beauf », ne se gênaient pas pour reprendre à leur compte la vulgate des intégristes et pour traiter de « racistes » ou « d’irresponsables » les flibustiers de Charlie Hebdo ! S’ils avaient soutenu avec un peu plus d’ardeur le journal quand ses locaux avaient été incendiés et quand ses collaborateurs ont commencé à recevoir des menaces, la catastrophe ne se serait peut-être pas produite ! Maintenant que c’est trop tard, c’est un peu gonflé de les ériger en martyrs d’une liberté d’expression qu’on n’a pas su défendre alors que ce ne sont jamais que d’énièmes victimes de la connerie humaine !
Point de non-retour : J’aimerais bien contribuer à la lutte contre le fascisme, mais je suis déjà tellement occupé à réaliser mes rêves de gosse : rien que le jour où j’écris ces lignes, je fais mes débuts comme correspondant pour un journal local et j’ai été sollicité pour animer une rencontre littéraire et artistique dans le Morbihan ! Et oui, quand on veut mener la vie d’artiste, il faut y mettre du sien ! Notez que je ne m’en plains pas, si ça ne tenait qu’à moi, je passerai mes journées comme ça au lieu de gueuler contre les intégrismes de tout poil ! Mais je suis obligé de gueuler pour le bien de mon hygiène mentale car les circonstances me font souffrir ! Oui, je souffre de voir le FN faire 30%, je souffre de voir des jeunes français partir faire le djihad ! Je souffre parce que je respecte la vie humaine ! Si vous êtes dans le même cas, vous êtes un ami et je vous donne d’ores et déjà rendez-vous le 24 août à l’usine La Trinitaine, à St Philibert ! Les intégristes, qu’ils soient frontistes ou djihadistes (oui, je les renvoie dos à dos), ne sont pas les bienvenus, ce qui me laisse quand même pas mal de clients potentiels. Un point, c’est tout.
Point de non-retour (bis) : J’ai redonné cette semaine la conférence sur Albert Camus que j’avais déjà donnée en décembre : mon directeur de thèse voulait que je la refasse pour les étudiants de philo. Pari gagné, il y eut une quarantaine de personnes pour m’écouter, soit quatre fois plus que la dernière fois dont une quinzaine d’étudiants ! Une grande satisfaction pour moi d’autant que j’ai fait cette causerie avec une atroce migraine : en rentrant chez moi, je souffrais le martyre, j’étais fébrile, j’avais le crâne prêt à exploser, mes jambes ne me portaient plus ! Par conséquent, le prochain que je surprends à dire que les intellectuels sont des fainéants qui ne font jamais souffrir leur corps, il a ma main dans la figure ! Un point, c’est tout.