"Etre libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres."
Ce monsieur s'appelle Abdou Semmar, il est algérien et il a écrit une lettre aux femmes de son pays et aux autres, toutes les autres.
Je l'aime.
Aujourd'hui c'est la journée internationale des droits de la Femme et je trouve que c'est la plus belle déclaration que je pouvais imaginer en ces temps troubles :
Non tu n'es pas coupable de m'avoir excité
Le dévergondage, le vice, la dépravation, l’immoralité, n’ont pas d’habits. Ils n’ont pas d’apparences. Combien de femmes voilées ont exercé de la prostitution ? Combien de fois le niqab a caché des voleuses ou des aguicheuses ? Les mœurs légères ne se mesurent souvent pas à la légèreté des vêtements. Les mœurs sont une question d’éducation et non pas d’apparences ou de modes vestimentaires. La quête de la beauté n’entraîne nullement une plongée dans l’univers de la débauche.
Ce mensonge obscurcit la lucidité de beaucoup de mes compatriotes. Et moi, je suis un homme algérien et je ne comprends pas pourquoi un homme est forcément excité dès qu’il aperçoit une infime partie du corps d’une femme. Oui, je suis, pourtant, un homme algérien, très algérien même, et je n’accuse une femme de m’avoir excité. Je suis un homme algérien et je réussis parfaitement à me contrôler, à gérer mes bas instincts sans avoir à violer ou harceler. Je n’ai donc pas besoin d’une loi pour me protéger de mes pulsions. Je suis suffisamment mûr pour légiférer sur ma sexualité.
Je crois sincèrement que nos députés généreusement payés doivent me protéger de d’autres fléaux, bien plus sérieux, qui ravagent mon pays.
Je suis un homme algérien et je ne comprends pas pourquoi une femme de mon pays est contrainte de subir des examens de virginité à chaque fois qu’elle veut déposer une plainte au commissariat. Je suis un homme algérien et je trouve totalement absurde qu’une femme parce qu’elle est sortie dehors à des heures jugées indécentes se retrouve dans un poste de Police et, plus tard, dans un hôpital pour vérifier sa virginité comme il est arrivé à cette algérienne mère de deux enfants, donc forcément pas vierge, qui a été auscultée par des médecins à l’hôpital de Bainem, à Alger, à la demande des policiers. Ces derniers voulaient connaître l’état de son hymen alors qu’elle venait d’être agressée physiquement par un homme. Elle n’avait jamais déposé plainte pour agression sexuelle, mais pour agression physique.
Mais dans mon pays, la femme plaignante est forcément un peu coupable. Faut donc contrôler son hymen qui, lui seul, peut nous dire la vérité. Moi, je suis un homme Algérien, et je le pense sincèrement, une femme ne peut jamais être coupable de m’avoir excité…"
Je vous embrasse fort mes amies, mes soeurs
je vous aime