Magazine Journal intime

Erosion

Publié le 29 mai 2008 par Lephauste

Je m'érodai à l'occasion d'un peu de poudre aux yeux, poudre qui au fin bout d'une rêverie reste à la paume comme un nuage de lait caillé. C'est une maladie rare que je contractai, petit, à l'âge de la barbarie. J'en ressentis les symptômes, comme tout un chacun d'abord avec au ventre la trouille de retomber si vite en poussière alors que statistiquement je ne faisais pas partie des revenants. Puis je me pinçais et retrouvais mes dimensions et j'en ajoutais une autre aux multiples facettes de la honte. Je compris pourtant bien vite qu'il fallait m'administrer l'anti-dote assez fréquemment. Alors j'élaborai de courtes histoires où de conquêtes en conquises j'aimais tout ce qui se cachait dans l'ombre des parfums ouverts à l'infini. J'avais au ventre le feu d'une boite d'allumette et des incendies qui me laissaient hagard sous le couvert des draps froissés. Hagard et guetteur de bruits moralistes. La lente paresse était à mon chevet une main douce, une bouche murmurante, l'éruption que je devinais venir à moi me chevauchant de robes déboutonnées, ôtées jusqu'à la ceinture, de linge fin roulé à la saignée du genou et d'après midi d'été finissant entre les racines d'un arbre de clairière à rebrousser les mousses au dessus du halètement des sources.

Je m'artillais alors en maladroit prometteur, j'astiquais la brindille,  faisant de mon lit un barnum pris par la tourmente, comme un feu de paille et piquais mon ciel trouble de toisons et d'étoiles. J'étais branleur comme d'autres s'adonnaient aux mathématique, par passion de l'extase et de la folie juste. J'en ai connu de ces matheux qui n'avaient plus dans la tête que des équations dont les éléments jouissaient en désordre. J'avais des gracieuses, des saintes et des catins, des commères qui s'ignoraient en tant que telles, qui vaquaient par les rues de la province et se paraient à l'abri des persiennes de la rue du commerce, qui fût mon délicieux enfer. Se paraient pour d'iradiantes nudités.  De ces grâces qui se penchent encore parfois au dessus de l'insomnie et bercent les années qui n'en sont plus.

Je ne faisais qu'étrangler le borgne me direz-vous, j'astiquais la gouverne, je faisais coulisser le noeud, je foutais les courrants d'air, je... Je n'étais en rien à m'occuper de mon avenir, je ... Oui ! c'est bien sûr mais on ne vantera jamais assez les charmes de la marchande de couleurs.   


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