Aussi loin que je remonte dans ma mémoire et la route est longue, le documentaire animalier a toujours été un incontournable programme à la télévision. Et c’est une bonne chose dans un premier temps. Mais aujourd’hui je suis las.
Assez vus les lions qui baillent sous les baobabs pendant que leurs femelles coursent des antilopes dans la savane. Ras-le-bol du pauvre gnou qui se fait dévorer par un crocodile au guet du fleuve. Epuisé de revoir les girafes brouter les feuilles hautes des acacias et les grosses baleines virevolter avec grâce dans les flots bleus. A force de revoir ces images cent ou mille fois, il s’en faut de peu que je jure avoir vu ces bêtes en vrai lors de voyages exotiques jamais faits. Voilà où j’en suis arrivé à mon âge.
Sauf que la télé n’a pas été inventée pour moi seul. Les jeunes générations se relaient sans relâche devant leur poste et les gamins d’aujourd’hui qui n’ont pas encore aperçu le gnou qui trébuche en atteignant la rive vont s’en mettre plein les mirettes jusqu’à ce que l’overdose les gagne eux aussi, plus tard.
Heureusement, producteurs et cinéastes animaliers ont senti venir l’ennui des téléspectateurs et ces dernières années, délaissant les forêts africaines et les déserts asiatiques comme la banquise polaire, ils ont réalisé que nos jardins et parcs recélaient une faune tout aussi intéressante. Aidés par une technologie de plus en plus performante, ils nous proposent des sujets à priori banaux mais qui s’avèrent franchement époustouflants au final.
Suivre la musaraigne au fond de son terrier, passer un moment avec une famille castor sous son amas de branches, épier les petits merles dans leur nid au sortir de l’œuf, assister à la chasse d’une hulotte en pleine nuit à moins que ce ne soit pénétrer dans une fourmilière et s’y balader dans les moindres recoins… Des bestioles qui ne font peut-être pas rêver quand on les évoque, certes, mais des images renversantes techniquement parlant et qui nous rappellent, si besoin en était, que la vie grouille autour de nous, sous nos pas, dans nos caves ou dans le parc à côté de chez nous. Et quelle différence en vérité, entre deux tigres élevant leurs petits et deux hirondelles nourrissant leur nichée ?
Les documentaires animaliers se sont trouvés une nouvelle vie et moi j‘aime ça.