17 mars 2015 : Ouverture de l’exposition « Pierre Bonnard. Peindre l’Arcadie » au musée d’Orsay

Publié le 17 mars 2015 par Angèle Paoli


PIERRE BONNARD, OBSERVATIONS SUR LA PEINTURE (extraits)
/1946/ En art, il n'y a que des réactions qui comptent.
/1946/ Il ne s'agit pas de peindre la vie, il s'agit de rendre vivante la peinture.
/1946/ J'ai une palette. Mais les assiettes me permettent d'isoler les tons, tandis que la palette a le défaut de proposer, de les imposer, et c'est un danger. Ce sont des choses que l'on n'apprend que très tard. Ce serait trop facile de se mettre devant un paysage, de l'observer et de le transposer simplement sur la toile. Il faut encore songer au lieu où les toiles seront ensuite regardées.
/1946/ Delacroix l'a écrit dans son journal : " on ne peint jamais assez violent ". Dans la lumière du Midi, tout s'éclaire et la peinture est en pleine vibration. Portez votre tableau à Paris : les bleus deviennent gris. Vus de loin, ces bleus, aussi, deviennent gris. Il existe donc en peinture une nécessité : hausser le ton. Les primitifs l'avaient bien compris qui cherchaient les rouges, les azurs, les plus ardents dans les coloris précieux : les lapis-lazuli, l'or et la cochenille. La nature nous tend des pièges avec ses thèmes, que l'intelligence, mais surtout le métier, parviennent à déjouer. C'est le seul avantage que nous ayons de vieillir : profiter de nos expériences personnelles.
/1946/ J'espère que ma peinture tiendra sans craquelures. Je voudrais arriver devant les jeunes peintres de l'an 2000 avec des ailes de papillon.
Pierre Bonnard, Observations sur la peinture, L'Atelier contemporain, François-Marie Deyrolle Éditeur, 2015, pp. 53-54. Préface d'Alain Lévêque, Introduction d'Antoine Terrasse.

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