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L’imposture politique

Publié le 16 mars 2015 par Observatoiredumensonge

Ce qui ne veut pas dire que nous approuvons.

kersauzon

   L’imposture politique   

Par Hervé Azoulay

Le monde politique : un désastre pour la France

Peut-on construire un pays où les politiques ne se soucient que de leur élection ?
Les électeurs sont désabusés, l’abstention gagne des points et nous constatons la très bonne santé du premier parti de France : les abstentionnistes.
Serait-ce le signe de désintéressement des citoyens envers la politique, ou celui du mécontentement envers les élus et leur manière de faire de la politique ? Une démocratie fonctionne mal quand le peuple perd de plus en plus de son pouvoir. Les institutions qui devraient se substituer au peuple n’assurent plus cette fonction puisque les députés ne font pas ce que les électeurs voudraient qu’ils fassent, mais ce que leur parti leur dit de faire. Il existe donc une obsolescence de la subsidiarité de l’élu générée par l’influence des partis.

Il est temps de voir que le monde change et que les espaces de l’économique, de l’identité et de la politique ne coïncident plus. Le territoire économique est devenu mondial, la politique est nationale, quant à l’identité, sommes-nous d’abord corses, français ou européens ? Que veut dire de nos jours un système qui classe les partis politiques en droite et gauche ? Doit-on encore utiliser un modèle binaire réservé aux seuls ordinateurs, alors que la transversalité des échanges nous procure davantage de variété ? Faisons de la politique différemment, bien au-delà des clivages partisans, tout en sachant que les grands problèmes de notre société sont transverses et nécessitent la collaboration de tous les acteurs. C’est la faiblesse des hommes politiques de droite comme de gauche qui ne savent que ménager la chèvre et le chou.

Face aux médias, ces « représentants du peuple » s’expriment pendant des heures, tandis que les otaries de service claquent des nageoires ou font des bruits en arrière-plan ! Mais à quoi servent toutes ces clowneries quand tous les bouffons font les mêmes pirouettes, il faut autre chose pour river les spectateurs à leur chaise. La démocratie actuelle est le triomphe de l’ambiguïté. Tous les chefs se battent autour de débats inutiles, de pitreries qui font la une de certains médias pendant que les vrais problèmes restent sans solutions. Nos politiques ne véhiculent aucun projet de société, ne se différencient par aucune prise de décision et n’ont pas de grands desseins pour l’avenir. Toujours attirés par les sirènes électorales et leurs intérêts personnels, ils n’ont plus la crédibilité nécessaire pour susciter l’enthousiasme qui permettrait de réaliser de vrais changements. Quand le Roi nous envoyait à la Bastille, parce que tel était son bon plaisir, il ne prétendait pas gérer un état de droit, il ne prétendait pas respecter une charte des droits et libertés : il était Roi de droit divin. Jusqu’où ira l’arrogance de cette élite qui nous encadre au nom de la Loi mais n’obéit à cette Loi que quand elle lui donne raison ?

Il fut un temps où un homme public digne de ce nom avait des principes, des idées, un idéal bien à lui qui en faisaient un être unique. Une personnalité réelle avec laquelle on pouvait être ou ne pas être d’accord, mais dont on pouvait s’attendre à ce qu’elle occupe une place fixe sur l’échiquier. Le politicien était une référence, un pilier autour duquel s’organisait le jeu des opinions. La baisse de qualité des politiciens se reflète sur la démocratie et a pour conséquence la répudiation de toutes les promesses, la corruption, les scandales en chaîne, conduisant à un rejet global de la classe politique par les citoyens. De plus, il leur manque la compétence pour gouverner de même que la crédibilité, essentielles à l’implantation de changements sociaux majeurs. Le processus démocratique devient un exercice de manipulation de l’information à des fins électorales.

Il faudrait revoir notre système actuel qui n’oblige pas un politicien à tenir ses promesses. Un politicien peut dire n’importe quoi avant et faire n’importe quoi après une élection. Ce qui a été dit n’a pas valeur de contrat, un mandat en blanc pour faire n’importe quoi ce n’est plus de la démocratie ! C’est ainsi que la démocratie telle que nous la connaissons a atteint son niveau d’incompétence et ne réussit plus à faire prévaloir les intérêts de la majorité. La politique ne suscite plus de grandes passions et tend à être représentée de plus en plus par des individus opportunistes, ambitieux, moins compétents et moins honnêtes. Certes, ne généralisons pas, il existe aussi en politique des gens intègres, mais hélas, ils sont si peu nombreux qu’ils ne sont pas représentatifs !

Espérons qu’une arrivée nombreuse de gens de bonne volonté, compétents, dignes de confiance et faisant vœu d’altruisme apparaisse à l’horizon. Malheureusement, pour l’instant on ne voit rien venir !

Alors souhaitons que les hommes et femmes politiques de demain sauront relever le défi pour revaloriser la fonction politique en mettant en place les réformes suivantes devenues indispensables :

  • les fonctionnaires doivent choisir entre la politique et leur statut. Ils sont sur représentés dans les fonctions électives avec par exemple plus de 60 % des présidents de régions, ainsi que plus de 70 % dans les cabinets ministériels. La France pourrait s’inspirer de ce qui est fait ailleurs en coupant le lien qui existe entre la haute fonction publique et la politique et entre la haute fonction publique et les cabinets ministériels. Pour cela, il suffirait tout simplement de demander aux fonctionnaires de choisir entre leurs engagements professionnels et leurs engagements politiques,
  • supprimer définitivement et immédiatement le cumul des mandats, véritable serpent de mer de la vie politique française. Ce problème est encore loin d’avoir trouvé une solution définitive. Un élu ne pourra avoir qu’un seul mandat       renouvelable une seule et unique fois. Il lui sera absolument interdit de cumuler tout mandat local, de quelque nature que ce soit, avec un mandat de député, national ou européen. Il en va de même pour les Ministres de la République,
  • intégrer l’ENA et Polytechnique dans le cadre d’une grande réforme de l’Université et surtout supprimer les grands corps de l’Etat,
  • nommer des dirigeants issus du privé dans les fonctions clés de l’Etat et limiter le nombre d’énarques et des grands corps de l’Etat à 35% maximum, pour ceux qui ont abandonné leur statut de fonctionnaire,
  • supprimer les mises à disposition aux syndicats de personnels et de locaux de l’administration. Nos syndicats ont de moins en moins d’adhérents et de plus en plus de financements publics directs ou indirects. De ce fait les syndicats publics ont beaucoup plus de pouvoir que les syndicats du privé et en outre ils freinent la réforme de l’État.

Hervé Azoulay

Azoulay

Hervé AZOULAY a été dirigeant dans de grands groupes internationaux, co-fondateur de plusieurs entreprises innovantes, Business Angel, fondateur d’un des premiers réseaux de Business Angels en France, Président d’un fonds d’investissement, intervenant dans de grandes écoles et à l’université en France et à l’étranger, auteur de nombreux ouvrages et de tribunes dans la Presse.

*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur ***

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