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A propos des vêlages

Publié le 21 mars 2015 par Journalvernois

que d'herbe

Dans la région, en élevage charolais, février et mars sont le gros moment des vêlages. C’est une période très importante pour l’ éleveur car de la réussite de ceux-ci dépend l’avenir de son troupeau et du coup de sa rémunération. Aussi à cette saison, quand je retrouve des voisins ou des amis, la mise-bas est un sujet qui revient souvent dans la conversation. Chacun parle du déroulement de ses vêlages, du surcroit de travail, des difficultés qu’il rencontre ou de ses déboires et de ses pertes ou de sa réussite insolente . A chaque fois je me dis que j’ai connu tout ça. En effet, en 40 ans (en gros) d’activité je pense avoir vu naître entre 2400 et 2600 veaux et avoir connu tous les cas de figure que l’on peut rencontrer au cours des campagnes de vêlages. Je veux, aujourd’hui tenter d’en dresser une liste.

mise bas normale : c’est la plupart des cas; la vache vêle seule, elle expulse le veau, se relève, le lèche. Le veau est dégourdi, il cherche à téter rapidement

naissance gémellaire : J’en ai eu beaucoup. en général cela se passe bien; les jumeaux sont de petite taille, la vache les expulse facilement l’un après l’autre. Mais ils peuvent mal se présenter à la sortie, « être emmêlés »; il faut bien distinguer les pattes de chacun, les mettre en bonne position pour les sortir en bonnes conditions. Il arrive aussi, je l’ai connu plusieurs fois, de trouver un ou les deux veaux morts avant la naissance, suite à un part trop long ou le cordon ombilical coupé dans le ventre de la vache

-veau mal tourné (dans notre jargon) En fait le veau se présente dans une position qui l’empêche de sortir. Normalement il se présente les 2 pattes avant les premières la tête posée dessus légèrement en retrait. Mais le veau se présenter les pattes arrières les premières; il est préférable d’accoucher la vache debout . J’en ai vu se présenter par le siège, le cul le premier comme on dit, pas facile à sortir. Il peut arriver sur le dos, ou bien avec une patte avant repliée au lieu d’être étendue à côté de l’autre, ou bien la tête en bas. A chaque fois il faut remettre le veau en place, et si il est gros ce n’est pas toujours facile; c’est un travail d’éleveur qui demande force et savoir faire . On peut avoir à faire à une torsion de matrice. Celle ci a fait une rotation avec le foetus et le col se trouve étranglé. C’est au vétérinaire d’y remédier

- veau trop gros par rapport à la vache, assez courant en élevage charolais. Si à la fouille le veau parait très gros et qu’il ne s’engage pas du tout, la solution est vite trouvée, c’st la césarienne. Si on voit qu’il y’a une progression à chaque contraction de la vache on aide à l’extraction en utilisant une vêleuse.Il faut parfois tirer très fort. J’ai toujours été surpris par la résistance à la traction des veaux naissants. Ce que l’on redoute le plus c’est que le veau ne se coince dans le bassin de la vache. Cela arrive si le veau n’est pas trop large d’épaule, qu’il s’engage facilement mais que son train arrière soit très gros. C’est irréversible, l’épisiotomie est inutile et c’est trop tard pour pratiquer une césarienne. Il faut l’extraire coûte que coûte C’est très stressant car cela peut avoir de graves conséquences, veau abimé, ou paralysé du train arrière voire mort dans la vêleuse. J’ai vu une fois pour le sortir, le vétérinaire découper le veau en morceaux à l’intérieur du ventre de la mère l’aide d’une scie-fil. La vache est souvent touchée elle aussi, elle peut rester au sol plusieurs jours, voire ne jamais se relever et crever.

- veau coelosomien, un dans ma carrière. C’est un veau « monstre » à la colonne vertébrale courbée à l’inverse de la normale et les boyaux à l’extérieur de la cavité abdominale. Il n’a vécu que quelques minutes

- veau momifié, un également. Le foetus, mort à l’intérieur de la matrice, est devenu une masse noire, informe. la vache n’est aucunement gênée. La vache avait dû le porter très longtemps. C’est le retour en chaleur qui a déclenché l’expulsion de la « momie »

- veau hydropique : C’est un veau mort que l’on sort. il est œdémateux, comme gonflé d’eau. La mère souvent amaigrie, au ventre énorme perd une quantité impressionnante d’eau (liquide amniotique) au moment de la naissance. J’en ai connu quelques cas et à chaque fois la vache a frôlé la mort

- veau mort dans le ventre de la vache, cordon ombilical rompu sans qu’on ne sache pourquoi

veau anoxié , il a été trop longtemps en naissance, la tête coincée à la sortie ,dans la vulve, le cerveau privé d’oxygène. Il a un comportement anormal, n’a pas toutes ses facultés, ne se tient pas debout n’arrive pas à téter. C’est souvent la mort qui l’attend.

- accident de vêlage : Je viens de parler du vêlage proprement dit mais j’ai connu ce que j’appellerai l’accident de vêlage sur la vache

- avortement Suite à une pathologie, à une glissade sur le béton de l’étable, ou à un coup de corne d’une congénère la vache peut s’avorter, mettre bas plus ou moins loin de son terme. j’ai vu quelques fois sauver le veau lors d’avortements tardifs

- matrice perforée: une fois Lorsque le veau est gros et que la vache pousse très fort, une patte arrière du veau peut transpercer la matrice. Mortel pour la vache. J’en ai vu une abattue d’urgence à la porte de l’étable. Maintenant c’est interdit. Aujourd’hui si c’est possible la chirurgie peut y remédier

- prolapsus utérin ou renversement de matrice J’ai vu cela de nombreuses fois. Dès le veau sorti ou quelques heures après la naissance la vache se remet à pousser comme pour accoucher et la matrice sort (comme une chaussette qu’on retourne à l’envers) J’appelais toujours le véto pour tout remettre en place et en général c’est sans séquelles Le principal danger est qu’une artère ou veine ne se rompe ou qu’une autre vache ne pose un pied dessus causant une hémorragie interne provoquant la mort de la vache. Je l’ai vu 2 fois

- vache qui se couche pendant la césarienne, le flanc béant, le veau encore à l’intérieur. ( 1 fois) On a contenu les viscères comme on a pu, surtout la panse qui sortait comme un gros ballon de baudruche par la plaie à chaque poussée de la vache; très spectaculaire et affolant. Je n’aime pas voir une vache crever. Mais tout s’est bien terminé grâce à un deuxième vétérinaire et à des voisins venus en renfort; Cela faisait beaucoup de monde dans l’écurie. Contre toute attente vache et veau s’en sont bien tirés.

- vache déchirée. (quelques fois) Cela arrive parfois sur des primipares. La vulve insuffisamment dilatée se déchire au passage de la tête du veau. Si elle est trop abimée le vétérinaire » recoud » à l’intérieur. Laisser pousser la vache plus longtemps ou une épisiotomie auraient peut-être évité d’en arriver là

- Rétention de placenta, 1ou 2 cas par an . La vache ne se délivre pas ou mal, surtout en cas de jumeaux; Il faut enlever le mieux possible le placenta qui reste accroché, à la main et mettre des oblets d’antibiotiques pour éviter toute infection.

- Vache qui reste au sol. quelques cas. Après un vêlage difficile, si le veau est resté un bon moment coincé dans le bassin j’ai vu des vaches ne pas se relever juste après le vêlage; Ce n’est pas bon signe. Si dans les 24 heures elles ne sont pas debout on les aide comme on peut avec des sangles,un palan pour les soulever tout en apportant des soins vétérinaires adaptés.

Je crois que j’ai fait le tour de ce que j’ai connu en 40 ans en matière de vêlage mais je pense que la liste n’est pas exhaustive, j’ai bien du faire quelques oublis; En tout cas cela reflète bien la vie de l’éleveur naisseur en race charolaise. Tous les ans c’était bien du souci et de la fatigue même si ça ne se passait pas trop mal. Je suis bien content d’en avoir terminé

A bientôt


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