Et boum le bus

Il y a des matins où les bonnes étoiles restent éveillées sous le soleil californien.

Le joli school bus jaune qui emmène les enfants à l’école passe à 7h20. Mais pas ce matin. Ne le voyant toujours pas arriver après vingt minutes, c’est maman qui s’y colle, avec ce que la voiture peut contenir d’enfants pressés d’arriver à l’école avant que la cloche fatidique ne consigne leur retard.

Le joli school bus jaune a fini par arriver devant l’école avec un quart d’heure de retard et ce qu’il restait des enfants n’ayant pas pris la voiture, une grosse fumée noire s’échappant du moteur surchauffé par la course inhabituelle.

Et boum le bus.

C’est une jolie explosion. « Sweet » s’exclame le parent qui ne manque pas une seconde de l’embrasement du joli bus jaune sur son iPhone. Les pompiers sont sur place, et la vidéo circule de parent à parent, jusqu’à être enfin publiée sur Internet.

Je découvre ce qu’il reste du joli bus jaune inoffensif auquel on aimait tant confier ses enfants le matin, avec la paix de l’esprit que ses gros feux clignotants oranges et son bras articulé « STOP » saura figer le traffic de voitures le temps que nos chérubins traversent la route en toute sécurité.

Le SMS du superintendant m’arrive vers 8h30, pour me rassurer sur le sort de mon fils qui n’a pas pris le bus ce matin : « vos enfants sont sains et saufs ».

A 9h03, Steve Concialdi, capitaine des pompiers du comté, annonce la nouvelle sur Twitter:

A 9h10, le chauffeur du bus est un héros local retweeté 14 fois.

Dans l’heure qui suit, le OC Register est le premier à rapporter le fait divers et son issue heureuse. Puis KTLA, la télévision locale, se rend sur les lieux. Malgré l’absence de sang, le feu et les enfants effrayés font aussi de belles images. La nouvelle est reprise par ABC News puis traverse le pays.

Avant midi, le Houston Chronicle,  Washington Post Weekly et  le New York Daily News ont alerté le pays de l’absence de morts et de blessés dans l’explosion d’un moteur de bus, quelque part en Californie.

A 14 heures, le chauffeur du bus est un héros national.

L’enquête dira si le héros national n’a pas poussé un peu fort sur l’accélérateur en ignorant les voyants de détresse du moteur et la fumée qui s’échappait de son capot, si le joli bus jaune était bien toujours en état de service, ou s’il ne faudrait pas augmenter un peu le budget des transports scolaires dans le district…

Matthieu, lui, est rentré de l’école sain et sauf à 15 heures après son cours de Digital Film Making* , heureux d’avoir été conduit en voiture. Au programme du cours d’aujourd’hui : un cas pratique de l’exagération des faits divers et de leur vitesse de propagation sur les réseaux sociaux.

Happy End en prime.

* si, si, c’est bien une matière. 1 heure quotidienne au programme !